Le calcul causal peut prouver l’utilité d’une innovation sociale sans expérimentation

Quand on est décideur politique, entrepreneur social ou financeur d’innovations sociales (fondations,…), on aimerait bien savoir si l’innovation sociale ou la politique publique que l’on décide de financer ou de mettre en ½uvre sera réellement utile ou non pour la société. Par exemple, si je promets un sac de lentilles gratuit à toute famille africaine qui vient au dispensaire pour faire vacciner son enfant, est-ce qu’il y aura plus d’enfants vaccinés que si je ne fais pas cet effort ? Cet effort en vaut-il la peine ?

On aimerait mesurer (et même prédire) l’impact social de sa nouvelle initiative, de sa nouvelle intervention. Il y a des méthodes pour cela, comme par exemple la méthode du Social Return On Investment (SROI). Mais l’un des points faibles de ces méthodes (outre leur important coût de mise en ½uvre) est qu’elles ne permettent pas d’évaluer de manière très fiable si l’effet obtenu (il y a plus d’enfants vaccinés qu’auparavant ou bien qu’ailleurs) est réellement causé par son intervention (la distribution du sac de lentilles) ou bien si elle n’est pas due à d’autres facteurs (une meilleure information des familles par le bouche à oreilles, le fait que les familles aient pris l’habitude de se rencontrer sur les lieux de vaccination, ou l’influence astrale de la position des planètes…). On peut raisonnablement supposer que le sac de lentilles a contribué à une meilleure vaccination. Mais peut-on attribuer cet accroissement de la vaccination à cette intervention ? Difficile à dire…

Alors on recourt souvent à des hypothèses contestables et peu solides sur « ce qui se serait passé si mon innovation sociale n’avait pas été mise en ½uvre » et sur « ce qui, maintenant que mon innovation sociale existe, contribue à produire le même effet ou à le renforcer ». Comme les historiens qui cherchent à identifier la cause d’un événement, on essaie de faire preuve d’imagination et on formule des hypothèses peu solides car difficilement prouvables :  » Et si mon innovation n’existait pas, que se passerait-il ? ». Malheureusement, la méthode SROI a un niveau de complexité tellement inhabituel pour le champ de l’innovation sociale, que ces hypothèses au c½ur de la méthode restent souvent cachées, réduites à un 1 ou 2 ratios rapidement posés dans un coin du calcul et sont rarement contestés par les décideurs et financeurs, déjà impressionnés de voir que tel innovateur a mis en marche une telle méthode aux apparences de rigueur scientifique… Bref, le SROI, c’est très bien et généralement vertueux, c’est assez bluffant et utile, mais c’est loin d’être parfait.

Alors comment aller plus loin ? Et comment prouver que le projet que l’on promeut (distribuer des sacs de lentilles) est bien la cause que l’on peut attribuer à l’effet que l’on promet (avoir plus d’enfants vaccinés) ? Pour pouvoir prouver la cause réelle de l’effet attendu, il est préférable, et souvent indispensable, de mettre en place une expérimentation randomisée en double aveugle, comme le promeut par exemple le Poverty Lab d’Esther Duflo. C’est le même genre de problème, et de rigueur expérimentale nécessaire, que dans le domaine médical où l’on veut être sûr de l’impact d’une nouvelle thérapie avant de la mettre sur le marché.

Cependant, les études randomisées en double aveugle sont elles-mêmes coûteuses à mettre en ½uvre puisqu’il faut étudier deux fois plus de personnes. Il faut comparer l’effet attendu sur un groupe de personnes qui bénéficient de l’innovation (combien de familles font vacciner leur enfant parmi celles  à qui on promet le sac de lentilles) et le même effet sur un groupe de personnes que l’on prive de notre intervention (combien de familles font vacciner leur enfant en l’absence d’une promesse de sac de lentilles). Ce doublement du coût de la mesure est-il vain ? Certainement pas, il est indispensable sinon l’expérimentation ne démontre rien. Mais ce coût est à prévoir et donc à financer…

Et ces situations posent aussi des problèmes éthiques et de relations publiques : allez-vous priver « pour la science » des enfants d’une chance supplémentaire de se faire vacciner en décidant que leur famille ne se verra pas motivée par un sac de lentilles ? Allez-vous laisser mourir des enfants du « groupe témoin » pour pouvoir prouver que votre sac de lentilles est vraiment efficace et aurait pu les sauver si vous aviez été moins rigoureux ? Un raisonnement éthique bien posé devrait permettre de trouver rapidement la réponse. Mais ce raisonnement n’en reste pas moins difficile à communiquer.

Une solution nouvelle à ce problèmes semble émerger d’une théorie mathématique appelée la théorie du calcul causal, en probabilité. En effet, cette théorie permet, dans certains cas, de « remplacer » de manière tout aussi rigoureuse l’étude randomisée en double-aveugle par l’étude statistiques de données supplémentaires. Cette théorie aide à déterminer quels sont les indicateurs qui, si ils sont mesurés dans la situation actuelle (donc sans expérimentation randomisée en double aveugle), permettent par le biais de calculs, de démontrer l’efficacité d’une intervention. C’est presque magique, l’application de cette théorie permet de répondre de manière rigoureuse à des questions du type  » Que se serait-il passé si ces personnes avaient été privées de mon innovation ? » ou bien, à l’inverse, « Que se serait-il passé si ces personnes avaient été forcées à bénéficier de mon innovation ? ». Le prix à payer réside dans la nécessité de devoir formuler des hypothèses plus précises sur la  manière dont la cause promue (le projet, l’intervention, l’innovation, le sac de lentilles) produit l’effet promis (l’impact social, le nombre d’enfants vaccinés), par exemple par quelles étapes intermédiaires la cause produit son effet. Et ces hypothèse peuvent à leur tour être contestées. L’autre prix à payer, c’est qu’il faut mesurer un plus grand nombre d’indicateurs, correspondants aux hypothèses supplémentaires qui ont été formulées. Enfin, la théorie du calcul causal ne s’applique pas à tous les cas de figure. Mais l’avantage est énorme : pas besoin d’expérimentation !

Je découvre tout juste cette théorie et je ne saurais pas la mettre en ½uvre. D’ailleurs, je ne pense pas qu’elle ait déjà été mise en pratique par qui que ce soit dans le domaine de la mesure d’impact social (si ?). Mais quelle formidable découverte si elle permet, par l’analyse de données (vive l’open data), de s’économiser la mise en ½uvre d’une procédure expérimentale coûteuse, longue et à l’éthique parfois douloureuse.

Vivement que des chercheurs et des ingénieurs puissent outiller cette théorie et en faire bénéficier le champ de l’entrepreneuriat social !

NB : au passage, j’ai découvert le paradoxe de Simpson (rien à voir avec Bart) qui démontre combien notre intuition interprète mal la signification des probabilités.

Adapter des documents texte pour des travailleurs handicapés

À partir de ce mois-ci, Wecena n’adapte plus de livres pour BrailleNet notamment car BrailleNet expérimente un nouveau mode d’adaptation d’ouvrages, appuyé sur des bénévoles intervenant sur leur temps libre (plutôt que des volontaires intervenant sur leur temps d’intercontrat). Mais j’ai encore des volontaires qui désirent faire de l’adaptation de documents pour les déficients visuels. Nous nous rapprochons donc de la communauté Wikisource pour adapter des ouvrages du domaine public.

Cependant, j’aimerais mettre l’accent sur l’adaptation de documents ayant une utilité professionnelle, pour faciliter l’embauche ou le maintien dans l’emploi de travailleurs handicapés. Je me pose donc la question suivante : dans la vie professionnelle de travailleurs handicapés, en général ou bien dans des cas très spécifiques, quels sont les types de documents professionnels les plus utiles à rendre accessibles ?

J’élimine d’office les documents trop difficiles à adapter pour les volontaires débutants : documents graphiques, documents riches en tableaux ou diagramme. Je me limite donc volontairement aux documents très riches en texte, et avec de la structure comme dans un roman (plan, notes de bas de page, annexes, etc.).

Je pense donc à des documents comme :

  • contrats de travail
  • contrats commerciaux
  • notes administratives, circulaires,
  • textes de loi (mais ne sont-ils pas déjà tous accessibles sur legifrance ?)
  • décisions de jurisprudence (déjà accessibles quelque part ?)
  • devis, propositions commerciales,
  • brevets (sauf les diagrammes)
  • documentation technique (si pas trop riche en diagrammes)
  • documentation commerciale, catalogue (si pas trop graphiques)

Vous connaissez un travailleur handicapé dans la lecture de certains documents : pourriez-vous m’aider à compléter cette liste ? En dehors des livres, sachant qu’il y a des volontaires pour rendre plus accessibles des documents textes, quels seraient les adaptations sur lesquelles ces volontaires seraient les plus utiles, en particulier pour des travailleurs handicapés ?

Crowd sourcing, machine learning et intérêt général

[ J’avais envie d’envoyer ce message par mail à mes anciens collègues du laboratoire de recherche Personalization and Knowledge Lab de Motorola mais je me suis dit que ça pourrait inspirer d’autres personnes alors je le poste sur mon blog… ]

Salut les ex-PKLers…

J »ai une idée tordue et j’aimerais avoir votre avis à son sujet, si vous avez le temps et que le c½ur vous en dit… C’est un peu long, je vous préviens, on ne se refait pas…

La finalité de mon idée est de faire bénéficier certaines associations humanitaires (ou d’autres organismes d’intérêt général) des possibilités de prédiction et de recommandation offertes par les technos du machine learning.

La raison pour laquelle je réfléchis à ce sujet est triple :

  1. le machine learning, c’est vachement rigolo et ça me manque…
  2. il y a une grosse SSII qui me propose des informaticiens mais uniquement si c’est sur des projets ayant une dimension plutôt innovante sur le plan scientifique,
  3. je rêve de trouver un moyen d’utiliser mes notions de  machine learning pour des projets humanitaires ou d’intérêt général.

Pour avoir encore un peu de contexte, mes sources d’inspirations, pour cette idée, sont :

Mon idée est de trouver un moyen pour faire travailler de nombreux salariés de SSII en intercontrat sur la production de services de prédiction/recommandation, pour des ONG, via une plate-forme conçue à cet effet. Ma question est : est-ce faisable et si oui comment ?

Autrement dit, peut-on abaisser la « barrière à l’entrée » pour permettre à des informaticiens non spécialistes du machine learning et qui ont peu de temps à consacrer à ce projet, de contribuer de manière utile pour produire à plusieurs un service de prédiction/recommandation ?

Autrement dit encore et avec quelques détails en plus : en supposant que j’ai chaque jour 20 informaticiens en intercontrat à ma disposition, que chacun reste sur le projet sur une durée de 2 à 5 semaines, est-ce que je peux utilement les faire travailler via une plate-forme conçue à cet effet pour produire un service de prédiction/recommandation ? Est-ce que les résultats produits risquent de converger très rapidement (en 1 ou 2 mois) vers un certain niveau de qualité médiocre et ne jamais en décoller pendant le reste de l’année ? Ou bien est-ce que je peux espérer, en les faisant travailler de manière adéquate, produire une progression qui se poursuive pendant 1 an sur le même dataset ? jusqu’à obtenir des prédictions de qualité acceptable ?

Là où mon idée commence à devenir tordue, c’est que les informaticiens en question n’ont aucune compétence en machine learning. Ça va de l’analyste-réalisateur mainframe senior au spécialiste du module SAP dédié à la comptabilité des amortissements des sociétés de transports, en passant par le développeur J2EE junior et l’administrateur réseau Cisco. Comment faire travailler ensemble sur ce projet une foule d’informaticiens non spécialisés en analyse de données ?

Or, à la fois dans le Netflix prize et dans les prix de kaggle, il semble y avoir comme un leitmotiv :

  1. bien sûr, la qualité et la taille du dataset d’origine est absolument essentielle,
  2. au final, c’est l’approche « ensemble learning » qui semble marcher le mieux,
  3. les types d’algorithmes à mettre dans cet ensemble (réseaux de neurones, classifieurs bayésiens, ou autres) n’importent pas tant que ça, et il y a des algorithmes généralistes assez robustes qui donnent des résultats souvent pas trop mauvais (les decision trees mis en random forests par exemple), l’important c’est d’avoir une bonne diversité d’algorithmes et de paramétrage de ces algorithmes,
  4. la différence entre les gagnants se fait en grande partie sur leur capacité à traiter les données en amont de ces algorithmes : pour en extraire des indicateurs et des paramètres qui seront pertinents pour les algorithmes (normalisation, moyennage, discrétisation, combinaison de données, réduction/sélection des données, dérivation des données éventuellement en faisant intervenir des jeux de données de référence supplémentaires, etc.)
  5. pour avoir de bonnes intuitions quand aux enrichissements/dérivations/réductions à apporter au dataset en amont des algorithmes d’apprentissage, une certaine connaissance du métier ou du domaine fonctionnel dont parlent les données peut aider, mais ce n’est pas indispensable et une absence de connaissance du métier peut être partiellement compensée par la mise en place de bonnes visualisations de ces données.

Résumé de l’approche qui est sensée marcher le mieux : Bon dataset => Visualisation inspirantes => Nombreuses et diverses dérivation ou réductions => Divers algos d’apprentissage => Ensemble.

Est-ce que ce que je dis là vous semble plutôt vrai ? ou est-ce que le démon se cache dans le détail de mes erreurs ?

En continuant sur cette lancée, je me dit que des informaticiens qui ne sont pas des « data scientists » mais ont 3 ou 4 semaines à consacrer à ce type de problèmes pourraient commencer par apprendre à produire des visualisation du jeu de données pour chercher des intuitions quant à la manière dont il faudrait l’enrichir (point 5 ci-dessus). Ensuite, ils pourraient écrire des petits scripts dans le langage de leur choix pour enrichir le dataset avec des données dérivées (point 4 ci-dessus) ou pour en réduire la dimension en sélectionnant certaines de ces données. Leur travail s’arrêterait là.

Ensuite, une batterie pré-définie de quelques algorithmes plutôt pas mauvais en général pourrait mouliner ces datasets enrichis et, en mettant le tout dans un Ensemble, fournir des résultats pas trop médiocres ? En ayant un nombre et une diversité suffisamment grands de contributeurs, en les faisant partager leurs intuitions via une bonne animation en ligne (rencontres, discussions, forum, wiki,…) et en les faisant travailler avec les bons outils collaboratifs (partage de code, …), qu’est-ce que ça donnerait ?

Autrement dit, est-ce qu’on peut compenser une absence d’expertise en machine learning par :

  • une population suffisamment grande et diverse d’informaticiens non experts et ne pouvant rester plus d’1 mois ou 2 sur le sujet,
  • et une plate-forme de machine learning bien pensée.

Est-ce que, ainsi, pour un dataset donné et moyennant un travail initial de quelques semaines pour mettre en place la plate-forme puis pour la « régler » pour ce dataset, je pourrais faire utilement travailler pendant un an 20 informaticiens disponibles chacun pour une durée de 2 à 6 semaines ?

Ou bien est-ce que je ne fais qu’énoncer le paradoxe du singe savant ?

Voila. Si jamais cela inspire quelqu’un, qu’il réagisse en commentaire SVP !

« Donner plus pour gagner plus. »

Ce samedi, je suis invité à témoigner dans le cadre d’un colloque parisien pour fêter les 20 ans de l’économie de communion (vous êtes invité, inscrivez-vous !). On m’a demandé de rédiger mon témoignage d’entrepreneur social de l’économie de communion alors le voici :

J’ai 36 ans, je suis un banlieusard des Yvelines. De formation, je suis ingénieur centralien. De c½ur, je suis scout de France, bénévole auprès de plusieurs mouvements associatifs, marié et père d’une famille de 4 enfants. Après une première expérience de créateur d’entreprise technologique en début de carrière puis chef de service informatique chez Saint-Gobain et chef d’équipe de recherche en informatique chez Motorola, je suis retourné à la création d’entreprise il y a 3 ans, cette fois-ci inspiré par l’économie de communion.

J’ai découvert l’économie de communion alors que j’étais encore chez Saint-Gobain. En tant que petit chef dans une multinationale, et en tant que scout et bénévole engagé, je me demandais à l’époque comment ne plus vivre en schizophrène : au service d’un cours de bourse le jour et idéaliste la nuit. L’entrepreneuriat social puis l’économie de communion, que j’ai découvert via un collègue de bureau elle-même ancienne scoute, m’a permis de redonner un peu d’unité entre mes compétences professionnelle et mon désir de servir mon prochain.

J’ai créé ma nouvelle entreprise, Wecena, il y a trois ans, dans le secteur informatique. Au quotidien, l’économie de communion est un triple défi pour moi.

Le premier défi ressemble à c’est celui de tout entrepreneur : celui de réussir à créer et développer une activité économique rentable. Je conclus bientôt ma 3ème année d’activité et j’espère enfin pouvoir dégager des bénéfices. Depuis le début de l’année, j’ai enfin pu me verser un salaire presque équivalent à ce que je touchais en tant que salarié. Si la tendance se poursuit jusqu’à la fin de l’année, mes bénéfices me permettront enfin d’accomplir l’une des vocations de ce projet, qui est spécifique à l’économie de communion : lutter contre la pauvreté en partageant une partie de ces bénéfices avec de plus démunis. Le reste des bénéfices est dédié à être réinvesti dans le développement de l’entreprise et à développer la culture du don dans le monde des entreprises.

Le deuxième défi de l’économie de communion, pour moi, c’est un défi pour mari et père de famille. Mon épouse s’occupe quotidiennement de nos 4 enfants qui ont entre 4 et 7 ans (des triplés dans le lot…). En quittant mon job salarié pour me lancer dans l’entrepreneuriat, j’ai choisi de mettre un peu en danger la sécurité financière de ma famille : il n’y a plus une feuille de paye garantie à la fin du mois. Bien sûr, je l’ai fait avec des dispositifs de sécurité qui m’ont semblé raisonnables : un gros chèque de mon précédent employeur, l’énorme aide des ASSEDIC pour les créateurs d’entreprise, un diplôme de centralien et une expérience qui m’aidera à retrouver rapidement un travail salarié si besoin. Mais aujourd’hui je n’ai pas de visibilité commerciale à plus de quelques semaines alors que je dois penser aux besoins de ma famille à long terme : les études des enfants, la retraite… sans compter la récession qui commence. Prendre des risques en investissant, et le faire “en bon père de famille”, c’est aussi une recherche d’unité et de communion avec ses proches. Mettre en danger son portefeuille, quand on est jeune et célibataire, comme lorsque j’ai créé ma première entreprise, c’est une chose. Mais lorsqu’il s’agit de sacrifier une partie de la sécurité financière de ses enfants et de son épouse, c’est autre chose. Comment vivre ce besoin de sérénité financière avec mon épouse et penser à deux à notre avenir ? C’est un défi pour l’unité de ma famille. De plus, j’ai quotidiennement la tentation de consacrer toute mon attention à mon activité. Sous la douche, au lit, à table, il y a toujours cette passion d’entrepreneur qui vous taraude et cette question de comptabilité, de marketing ou d’informatique peut venir perturber l’attention à porter à mes proches. Être entrepreneur, mari et père attentionné, cela demande une certaine discipline personnelle. Ce n’est pas évident. Ça demande même de l’exercice, comme un sport. L’économie de communion et les témoignages de mes confrères entrepreneurs de l’économie de communion m’aident à y voir plus clair et à chercher plus de cohérence personnelle dans ma gestion du quotidien. Si j’en venais à perdre de vue la priorité que représentent mon couple et ma famille et à ne plus penser qu’à mon entreprise, l’unité serait rompue et mon projet dans l’économie de communion perdrait son sens.

Un troisième défi de l’économie de communion, c’est d’essayer de partager cette culture du don dans l’économie avec mes clients et partenaires. Et c’est d’autant plus difficile que le don, sous la forme du mécénat, est au c½ur de mon activité.

Dans mon entreprise, Wecena, j’encadre des chantiers de mécénat informatique pour le compte d’associations de solidarité. Sur ces chantiers numériques, j’accueille et j’encadre des volontaires informaticiens qui nous sont envoyés par leurs employeurs, des sociétés de conseil et de services en informatique (SSII). Ces sociétés leur proposent ces chantiers de solidarité pour leur permettre de donner plus de sens à leur métier, de découvrir des problématiques numériques nouvelles (par exemple l’accessibilité numérique pour les personnes handicapées), et d’y consacrer quelques jours de travail inoccupés, entre deux missions lucratives. Je suis payé par ces sociétés pour mon travail de chef de projet. Mais elles sont remboursées par l’État notamment via des mécanismes d’économies d’impôts ou de déduction de dépenses liées au handicap. C’est le concept du wecena, un montage astucieux de « mécénat de compétences » et de sensibilisation, pour recycler du temps de travail inexploité chez les entreprises informatiques et le mettre au service de la solidarité.

D’un côté, j’ai donc des clients qui sont des associations de solidarité, avec des milliers de bénévoles pour certaines d’entre elles. Le don et le bénévolat, elles connaissent. Mais l’économie et l’entreprise, c’est plus lointain, moins accepté… L’entrepreneur, c’est l’étranger, le profiteur ou le voleur de poules ! Être entrepreneur, pour certains volontaires d’associations de lutte contre la misère ou bien pour certaines mamans d’enfants handicapés, c’est louche. Au mieux. C’est perçu comme une histoire de profiteur, d’égoïste, de menteur, d’escroc. Certains bénévoles sont scandalisés : “Quoi ! Un entrepreneur au service du social, c’est n’importe quoi !”, “Je suis sûre qu’il s’engraisse sur de l’argent qui devrait plutôt me revenir pour m’aider à m’occuper de mon enfant handicapé !”, “Il veut faire des profits sur la solidarité, quel scandale ! ”, “Il veut être payé par des mécènes pour son travail alors que nous sommes bénévoles ? C’est du détournement de fonds ! ” Comment leur expliquer que je suis là avant tout pour faire à temps plein mon métier de directeur de projet informatique ? Que ce travail mérite salaire ? Que les risques d’entrepreneur que je prends méritent aussi des bénéfices ? Que le travail que je fais pour leur association est entièrement financé par des mécènes privés et par les économies d’impôts mécénat encouragées par l’État ? Que mon projet d’entreprise vise à créer une communion avec les plus pauvres, à qui je voudrais destiner mes bénéfices ? Pas facile de faire des affaires avec le milieu associatif… Surtout quand on leur propose un mélange innovant de gratuité, de don et d’activité économique professionnelle. Ça paraît louche.

D’un autre côté, une partie de mon travail consiste à transformer de nouvelles SSII en mécènes et donc à convaincre leurs dirigeants : “ Plutôt que de laisser vos salariés ne rien faire entre deux missions lucratives, faites-en don à mes associations clientes ! ”. En France, chaque jour, environ 10.000 informaticiens de ce secteur sont payés à ne rien faire pendant quelques jours, en attendant le début de leur prochain mission chez un client. On appelle ça “être en inter-contrat”. C’est un fonctionnement normal et l’une des raisons d’être de ces sociétés de prestation. Quand je vais voir leur patron pour leur présenter les besoins en compétences numériques de mes associations clientes, leur premier réflexe est souvent : “ Ces associations ne peuvent pas payer, alors pourquoi leur donnerait-on notre temps ? ”. J’essaie de leur expliquer que, « plus ils donnent, plus ils reçoivent » : leurs salariés deviennent moins stressés, plus fiers d’appartenir à cette entreprise, plus riches d’une expérience de solidarité professionnelle qui a la place sur leur CV… Je leur explique que leur image d’entreprise responsable se trouve renforcée et qu’ils attireront plus facilement de nouvelles recrues. Que cela fait partie de leur Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE). Et comme ils comprennent qu’il s’agit de donner du temps perdu, ils acceptent parfois. Je leur explique alors qu’il faut rémunérer mon travail d’encadrement de ces chantiers et que ça leur sera remboursé par l’État à 100%. Là, la réaction épidermique revient : “ Quoi ? Vous voulez qu’on vous donne les temps morts de nos salariés et, en plus, vous voulez qu’on vous paye ? D’habitude ce sont nos clients qui nous payent, pas l’inverse ! ” Apprendre à un dirigeant commercial à donner sans attendre de retour en cash, ce n’est pas chose facile. Le don n’est pas dans leur culture. Ils ont l’impression d’être volés. Les directeurs administratifs et financiers me demandent à leur tour : “ Comment modéliser le retour sur investissement sur ces opérations de mécénat ? Combien est-ce que ça va nous faire gagner d’argent à l’horizon d’un an, à 3 ans, à 5 ans ? ” Je leur réponds, via des tableaux Excel, que l’opération est très peu coûteuse, grâce à l’encouragement financier de l’État, mais que les bénéfices à attendre sont dans le c½ur de leurs salariés et de leur clients. Des fois, ça passe ! Souvent, je dois traiter avec des schizophrènes qui me ressemblaient, comme ce directeur d’agence qui m’avoue à voix basse, un peu honteux : “ Je trouve votre activité formidable et j’aimerais qu’on fasse du wecena : enfin un peu d’air frais dans notre secteur ! Mais il n’est pas question qu’on en fasse car faire ce genre de dons serait inacceptable pour notre comité de direction. ” Où ce directeur général d’une grosse SSII filiale d’un groupe industriel :  » J’ai énormément de sympathie pour votre projet mais le justifier financièrement aux yeux du président de notre maison-mère serait beaucoup trop difficile.  » Et chacun se demande qui est le plus fou : “ Plus on donne, plus on reçoit ? Allez expliquez ça à nos actionnaires ! ”. Comme si les managers et dirigeants d’entreprise avaient du mal à vivre en unité avec eux-même… Comme si ils pensaient qu’il n’y a d’enrichissement que financier. Comme si ils devaient renoncer à leurs intuitions faute de pouvoir les rationaliser économiquement avec leurs outils habituels. Comme si ils pensaient que la seule unité possible avec leurs actionnaires passe par le montant du dividende et l’évolution du cours de bourse. Ce qui n’apparaît pas dans la bottom line financière n’existe pas. Donner plus pour gagner plus ? On ne peut pas gagner des élections présidentielles avec un slogan de ce genre…

Malgré tout, j’arrive à avancer. 8 SSII (dont des grosses, comme Open puis AtoS) sont déjà passées à l’acte et ont commencé à faire du wecena. Ensemble, elles ont déjà donné 520 jours de travail à travers la mobilisation de 41 salariés. Mais, pour développer leurs dons et mon activité, je butte encore sur l’inertie des cultures et des organisations. Les dirigeants ont une pression au quotidien : faire plus d’argent, ils croient que c’est l’essentiel de leur métier. Alors, c’est déjà bien d’avoir commencé à faire des dons de compétences, mais pourquoi donner plus ? Une poignée de salariés qui se sont portés volontaires, c’est déjà bien. Alors pourquoi généraliser le don ? Même si le coût financier est pris en charge par l’État sous forme d’économies d’impôts mécénat, où est l’urgence à donner régulièrement et plus massivement ? Pour arriver à intégrer totalement cette logique de don à l’entreprise, pour proposer à tout salarié disponible quelques jours de faire du wecena, pour institutionnaliser le don dans les processus de management, le chemin sera long. Les signes qui m’encouragent viennent notamment des salariés eux-mêmes et des élus du personnel : ils voient et disent la valeur qu’a le bien-être d’un salarié. Ils voient le surcroît de motivation (et donc de productivité) de celui qui a donné du sens à son métier. Le bouche-à-oreille entre salariés commence à fonctionner pour mobiliser des nouveaux volontaires pour mes associations clientes. Mais il ne peut prendre de l’ampleur que si il est alimenté par des dirigeants visionnaires et qui apprennent à vivre la richesse du don. Peut-on mettre en chiffre cette richesse pour entrer dans le reporting du directeur financier ? C’est difficile. Quand bien même on y arriverait, de là à la ramener à une évaluation financière de retour sur investissement, devrait-on le faire ?

Le wecena, en chiffres

Avec Aude, de l’incubateur social Antropia, nous avons fait un point sur l’impact social de Wecena depuis sa création. Voici les chiffres…

Les SSII participantes :

  • 7 SSII ont déjà fourni des volontaires
  • Le comité de direction d’une 8ème a donné son aval fin juin et leur premier envoi de volontaire est prévu pour septembre

Les chantiers associatifs soutenus :

  • 2 chantiers pour des associations ont eu lieu et sont terminés
  • 1 chantier a commencé l’an dernier et se poursuit en activité permanente
  • 1 autre chantier a été entamé mais non terminé et ne le sera peut-être pas
  • 1 dernier chantier est en phase d’amorçage (sur le point de démarrer).

Nombre d’ingénieurs volontaires et/ou nombre d’heures de mécénat réalisées :

  • 2009 : 6 volontaires = 70,5 jour.homme
  • 2010 : 14 volontaires = 213 j.h
  • 2011, 1er semestre : 22 volontaires = 236,5 j.h

Au total :

  • 41 volontaires distincts
  • 527,5 j.h (soit 2,4 années.hommes) de travail réalisé par les volontaires
  • auxquels il faut ajouter environ 100 j.h de conseil technologique et méthodologique directement réalisés par Wecena et financés par les SSII participantes.

Précision de vocabulaire : 2 personnes qui travaillent chacune 5 jours, ça fait un total de 10 jours.hommes. On peut également faire 10 jours.hommes avec 5 personnes qui travaillent chacune 2 jours ou bien une qui travaille 5 jours et 5 autres qui ne travaillent que le 1er de ces 5 jours. C’est l’unité de base en gestion de projet. On parle aussi de  semaine.homme, de mois.homme ou d’année.homme. Par exemple, pour construire une fusée, il faut plusieurs siècle.homme.

Le 1er semestre a été super, notamment depuis que Atos (la plus grosse SSII européenne) a rejoint Open et les autres SSII mécènes, et depuis que j’interviens directement dans les agences en province pour mobiliser les salariés en intercontrat sous la forme d’ateliers organisés dans leurs locaux. Du coup, mon chiffre d’affaires du 1er semestre m’a enfin permis de me verser un salaire 100% couvert par l’activité.

Par contre, hormi quelques vaillants volontaires qui n’ont pas pris de congé en juillet, cet été a été bien morne : tout le monde est reparti en mission ou en vacances (et, moi-même, je randonnais en montagne avec ma jolie famille, j’avoue…). Vivement le redémarrage de la rentrée !

Elèves de Grandes Écoles = carottes pour SSII ?

Vous connaissez le concept des carrotmob ? On trouve un commerçant qui accepte un deal du style :  » On vous amène 200 clients ce soir et, en échange, vous vous engagez à consacrer 30% du chiffre d’affaires correspondant pour remplacer toutes vos ampoules à incandescence par des ampoules basse consommation et pour ajouter des produits équitables dans votre catalogue pendant un an ».

Bref, on agite devant le commerçant une carotte (les nouveaux clients) en échange d’un engagement solidaire pour la planète ou les plus démunis (investissement dans du nouveau matériel, changement de fournisseur d’électricité, etc.). Ensuite, « yapluka » rameuter les clients en foule « pour la bonne cause ». Si ça marche, tout le monde y gagne :

  • les clients bénévoles ont fait leur bonne action (et leurs courses !)
  • le commerçant a un chiffre d’affaire suffisant pour investir dans du nouveau matériel bon pour l’environnement ou dans de nouvelles pratiques plus solidaires et durables
  • une bonne cause a été servie de manière concrète (environnement, solidarité, …)

Le concept est américain, sympa et se développe en Europe : avec un certain succès en Allemagne, plus lentement en France. Le plus dur semble être de trouver les commerçant prêts à s’engager : c’est nouveau alors ça suscite forcément un peu de méfiance…

Dans le cas qui m’intéresse, les commerçants sont des SSII. Et les carottes pourraient être… les futurs jeunes diplômés de grandes écoles ! Les élèves intéressés pourraient participer en acceptant d’assister à des journées de recrutement de SSII (présentation de la boîte, simulations d’entretiens) en échange d’un engagement concret de la SSII au profit d’une grande cause (handicap, éducation, pauvreté…). L’idée serait donc la suivante : je trouve une ou plusieurs SSII prêtes à s’engager : pour tout élève de telle ou telle école qui participe à son événement de recrutement, elle s’engage à offrir X journées de travail de ses salariés à une association de solidarité. Les SSII ne s’engagent pas à embaucher les élèves ni les élèves à répondre à n’importe quelle offre d’emploi de la SSII. Les étudiants participants s’engagent juste à participer à l’opération de recrutement, à ouvrir leurs yeux et leurs oreilles pour découvrir l’entreprise, à y déposer leur CV, éventuellement à s’entretenir avec des salariés ou des manages de l’entreprise… De leur côté, les SSII s’engagent à un offrir un nombre important de jours de prestations pour chaque participant. Et je contrôle par la suite que les engagements sont tenus dans les temps. En bonus, les élèves les plus motivés peuvent également aider bénévolement les associations de solidarité qui bénéficient de l’opération.

L’intérêt principal que j’y vois, c’est que les SSII raffolent des futurs jeunes diplômés des grandes écoles et que ce serait une sacrée carotte pour faire en sorte qu’elles fassent davantage don des temps morts de leurs salariés aux associations de solidarité pour lesquelles je travaille. Actuellement, les SSII qui font déjà du wecena font preuve de bonne volonté. Mais, en interne chez elles, convaincre ses collègues, patrons et subordonnés de l’importance de faire du mécénat de compétences n’est pas chose aisée : il manque une carotte concrète !

La question que je me pose encore est la suivante : y aurait-il suffisamment d’élèves de grandes écoles prêts à participer à de telles opérations de recrutement de manière à développer les dons de compétences des SSII au profit des associations de solidarité ? A votre avis ?

Exercez vos neurones pour une bonne cause

Nicolas et Maxime sont élèves à l’École Centrale de Paris. C’est la 3ème fois qu’on se rencontre. Cette fois-ci, ils m’ont invité à faire plancher leurs camarades sur la résolution de problèmes éventuels que rencontrerait Wecena. Un amphi de 300 centraliens qui exercent leur créativité pour me filer un coup de main ? Je ne dis pas non ! D’autant moins que je garde au chaud, depuis le lancement de cette aventure, une liste de problèmes à résoudre. Je maintiens cette liste sous la forme d’une carte heuristique mais je vais d’en extraire, sous forme linéaire, 3 problèmes essentiels pour les partager sur ce blog. Attention, il ne s’agit pas de problèmes technologiques ! Des futurs ingénieurs peuvent-ils contribuer à leur résolution ?

Comment attirer plus de volontaires parmi les salariés des SSII participantes ?

L’effectif cumulé de toutes les SSII qui ont accepté de faire du wecena est de plusieurs milliers de salariés, soit plusieurs centaines de salariés en intercontrat chaque jour. Pourtant, le volume de volontaires (salariés qui décident de faire du wecena pendant leur intercontrat) a du mal à décoller au-delà de 3 équivalents-temps plein (et encore, ya certains mois…). Sans chercher à mobiliser de nouvelles SSII (c’est un autre problème), comment transformer une plus grande proportion de leurs salariés disponibles en volontaires Wecena ?

Deux conditions me semblent nécessaires et suffisantes :

  1. que les salariés en intercontrat soient informés qu’ils peuvent faire du wecena : le taux d’information dépend des actions de communication interne par le service communication lorsqu’il y en a un (mais leur bande passante est limitée et leurs canaux facilement saturés et faiblement efficaces car les salariés qui passent leur vie « chez le client » n’ont pas le réflexe de lire le mag interne, l’intranet corporate ni même leur boîte email corporate), et des actions des équipes de management dans les agences. Lorsque le responsable RH local est motivé et que le directeur d’agence (manager commercial) lui donne son feu vert, l’effet est visible : des volontaires pointent le bout de leur nez. Mais, parfois, certaines agences ne donnent aucun signe de vie. Puis-je y faire quelque chose sachant que je n’ai pas la main sur la vie interne de ces entreprises ?
  2. une fois informés, qu’ils décident de se porter volontaires : actuellement, c’est peut-être ce taux de recrutement de volontaires qu’il faudrait optimiser en priorité (l’information semble déjà passer). Les volontaires sont « recrutés » soit par leur RH local soit par d’autres volontaires mais uniquement dans le cas où ceux-ci effectuent leur intercontrat en agence (et non à domicile comme c’est parfois le cas en région parisienne), grâce au bouche à oreilles. Cependant, la proportion de volontaires reste faible. Le bouche à oreilles demande des efforts et est difficilement stimulable de l’extérieur. La « viralité » a ses limites surtout quand les salariés en intercontrat ne se croisent que quelques jours et surtout parce que l’effet du bouche à oreilles est limité à la portée de la machine à café (une poignée de salariés qui se cotoient en intercontrat pendant quelques jours seulement). Par ailleurs, j’observe que près de 50% des volontaires sont des femmes alors qu’elles représentent moins de 15% des effectifs. Pourquoi ? La marque Wecena manque apparemment d’attractivité pour les hommes ? Résonne plus avec l’instinct maternel, compatissant et nourricier (« les pauvres enfants handicapés du Tiers-Monde… ») et pas assez l’instinct du mâle (protecteur ? séducteur ? conquérant ?…) ? Faut-il masculiniser cette marque et comment ? Comment éviter les clichés marketings masculins ? Comment développer l’univers symbolique de la marque en veillant à sa « compatibilité » avec des cultures très hétérogènes et parfois allergiques au marketing (le manager commercial de SSII qui pense performance et profit, l’informaticien salarié qui pense maîtrise technologique, le salarié d’association qui pense respectabilité et dévouement, …) ?

Et comment agir sans créer d’effet de « fatigue » ? Il ne peut pas s’agir exclusivement de communication événementielle sur le mode « notre société a décidé de venir en aide de telles associations : devenez volontaire si vous êtes en intercontrat » ? L’effet doit être constant puisque de nouveaux intercontrats débutent chaque jour. Quel intérêt pour le management et pour les salariés à désirer, à chaque nouvel intercontrat, devenir volontaire Wecena ?

Bref, quand on n’y connait pas grand-chose en marketing et qu’on se rend compte que c’est une partie absolument essentielle de son problème, comment faire ? :)

Comment s’adapter à la cyclicité des taux d’intercontrat ?

Sans en avoir les preuves, je suppose que les taux d’intercontrat connaissent deux cyclicité :

  • une cyclicité sur un an, au rythme des achats de prestations par les clients : dépenses de fonds de tiroir en fin de cycle budgétaire, fins de projets en fin d’année civile et en fin d’année scolaires, absence des commerciaux en périodes de vacances soclaires et intercontrat de pré-rentrée, etc.
  • une cyclicité sur plusieurs années, au rythme de l’état général du marché et notamment du marché de l’informatique : grosso modo, au rythme de la bourse ! quand les DSI doivent se serrer la ceinture pour cause de réduction budgétaire, les SSII vendent moins de prestations et l’intercontrat augmente (puis se stabilise) ; quand on contraire, les directeurs des finances débloquent des budgets d’investissement pour leur DSI, les SSII vendent à tour de bras et recrutent, et l’intercontrat baisse puis se stabilise.

Cette variabilité du taux d’intercontrat influe fortement sur le débit en volontaires. Dans une certaine mesure, plus il y a d’intercontrat, plus le potentiel de chiffre d’affaire de Wecena est élevé (même si il y a de nombreuses limites et effets contraires à cela). En tout cas, dans une situation de reprise après crise, les taux d’intercontrat baissent jusqu’à un certain point (sans jamais s’annuler), le temps pour les SSII de recruter à nouveau. Même si le nombre de salariés en intercontrat parmi les SSII déjà participants est dans tous les cas de plus de 100 (il y a toujours un gros « vivier » de volontaires potentiels), la proportion de salariés décidant de faire du wecena (devenir volontaires) reste sans doute constante et le volume de volontaires est donc a priori proportionnel au volume d’intercontrat. Comment s’adapter à cette cyclicité ? Comment éviter un intercontrat interne à Wecena ??? Ou comment le gérer intelligemment ??? Et comment le prévoir et le financer en conséquence ?

Comment mesurer l’impact social du Wecena ?

L’impact social du Wecena sur les bénéficiaires finaux (exemple : personnes handicapées lisant les livres de braillenet, etc.) est d’autant plus difficile à mesurer que les méthodes de mesure de l’impact social (SROI), déjà balbutiantes et à la fiabilité toute relative, supposent un accès direct aux bénéficiaires finaux pour pouvoir les impliquer dans la démarche, recueillir leur parole et leurs données. Sachant que cet accès direct n’est pas possible, que cette méthode est déjà coûteuse à mettre en ½uvre dans les cas simples et qu’il s’agit de mesurer l’impact social sur plusieurs projets à la fois, comment faire ? Quelle meilleure méthode ? Comment garantir que l’État (le contribuable), en rendant possible le financement du wecena via le régime fiscal du mécénat, « en a pour son argent » ?

Voila. Si on pouvait déjà résoudre ces trois problèmes (et en particulier le 1er !), ma vie serait laaaaaargement plus facile. :)

Les business models rentables des entreprises sociales…

… étude des solutions innovantes. C’est le titre du mémoire de fin d’études que prépare Coralie Gaudoux, qui vient de me contacter. Avec son accord, je publie ici (sous licence CC-BY-SA) le questionnaire qu’elle a préparé pour cette étude. Régulièrement, des étudiants m’interrogent sur Wecena. J’essaie désormais de leur répondre publiquement, pour que cela profite éventuellement à d’autres.

Questionnaire pour l’étude terrain

La mission sociale

Quelle est le constat de départ ? Le problème social et/ou environnemental à résoudre ?

Constat de départ : les associations innovantes ont difficilement accès aux compétences technologiques qui leur permettraient de faciliter leur mission de transformation/résolution de problèmes de société. 2ème constat : chaque jour, de l’ordre de 10.000 informaticiens salariés des SSII sont payés à ne rien faire (phénomène structurel de l’intercontrat).

Quelle est la mission sociale de l’Entreprise ?

Démultiplier la capacité de résolution de problèmes de société des innovateurs sociaux en leur donnant accès à l’agilité et aux compétences technologiques des professionnels de l’informatique.

Quels sont ses objectifs ? Ses principes d’action ?

cf. notre business plan social, partie « mission »

La cible

Qui sont les bénéficiaires directs et indirects de l’activité de l’entreprise sociale ?

Bénéficiaires directs = les associations d’intérêt général dont les projets reçoivent les contributions d’informaticiens. (Exemple : association BrailleNet)

Bénéficiaires indirects = les bénéficiaires finaux des activités de ces associations (Exemple : lecteur handicapé utilisant la bibliothèque numérique de l’association BrailleNet).

Autres bénéficiaires indirects = les informaticiens participants, qui y trouvent leur compte en termes de fierté personnelle et professionnelle, de sens du service, de sentiment d’utilité, etc.

cf. notre business plan, partie « bénéficiaires »

Qui sont les clients ?

Les clients sont les associations porteuses de projets.

Le produit/service

Quel est le produit/ le service proposé ?

Package de 3 prestations :

  1. accès à une plate-forme de travail collaboratif permettant l’intervention, via Internet, d’informaticiens au profit de l’association
  2. assistance de l’association à l’encadrement des prestations réalisées par ces volontaires informaticiens et assistance technologique (conseil et réalisation de logiciels sur mesure)
  3. représentation des projets de l’association en recherche de volontaires, auprès des sociétés de service en informatique (pour les convaincre de faire du wecena et faciliter la relation association/entreprise au quotidien)

Comment est-il produit ? Quelles sont les particularités, les innovations dans la production de ce service ?

cf. notre business plan social, partie processus de production

La principale innovation dans la production de ce service consiste à appliquer au secteur de la solidarité et du mécénat de compétences les pratiques, méthodes et outils de « crowdsourcing » (mobilisation d’une foule de contributeurs occasionnels) déjà exploitées par les communautés d’informaticiens du logiciel libre (open source) et par les communautés d’internautes contribuant à des projets tels que la wikipédia. Cette transposition offre des modalités de gestion de la connaissance des contributeurs compatible avec le taux de rotation astronomique de ces contributeurs sur les projets associatifs.

Comment est-il distribué ? Quelles sont les particularités, les innovations dans la distribution de ce service ?

Le service est distribué en direct aux associations via Internet dans la plupart des cas (certaines missions s’effectuent « sur place » dans les locaux de l’association bénéficiaire, en région parisienne, mais c’est plus rare). La prestation de représentation des associations auprès des SSII s’effectue sous la forme d’un process de vente B2B de services en face à face avec les interlocuteurs RH, communication ou marketing des SSII.

L’environnement

Qui sont les concurrents ?

cf. notre business plan social, parties « alternatives »

Qui sont les partenaires ? Sous traitants ?

Les principaux partenaires jouent un rôle de prescripteur du wecena auprès des SSII, ou de réseau d’accompagnement (ESSEC/Antropia). cf. rubrique « partenaires » du site wecena.com

Les fournisseurs principaux sont un cabinet d’expertise-comptable, un hébergeur Internet pour le serveur de la plate-forme collaborative et une banque pour les opérations courantes.

Quelle est la législation relative au projet ?

Le principal cadre législatif est celui du régime fiscal du mécénat (article 238 bis du code général des impôts) renforcé depuis la « loi Aillagon d’août 2003 ».

Dans un second temps, Wecena expérimente un financement alternatifs de certaines opérations via le mécanisme de déductibilité de certaines dépenses de l’entreprise du montant de leur contribution annuelle à l’AGEFIPH au titre de leur obligation d’emploi de travailleurs handicapés (arrêté du 9 février 2006).

Le droit du travail français est également très structurant pour l’activité puisque c’est lui qui justifie en grande partie le volume du phénomène de l’intercontrat en SSII.

L’organisation

Quel est le type d’organisation ? La structure juridique ?

Société unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL).

cf. « pourquoi avoir choisi un statut de société ? »

Quelles sont les ressources humaines ? Il-y-a-t-il des particularités dans les ressources humaines sélectionnées ?

Pour le moment, le gérant est seul (c’est moi !). J’envisage l’embauche d’un consultant en conduite de projets informatiques ayant une expérience du secteur de la solidarité puis d’un business developer pour accélérer le développement.

Les créations de valeurs

Quel est le modèle de revenus ? (explication rapide des postes de dépenses et de revenus)

Les prestations aux associations clientes et bénéficiaires donnent lieu à une facture mensuelle d’une valeur proportionnelle (deux tiers) à la valeur des prestations reçues par l’association sous la forme de dons en nature des SSII mécènes. Plus les SSII mécènes envoient des salariés volontaires, plus Wecena a du travail à fournir à l’association pour aider à les accueillir et à les encadrer et plus Wecena facture aux associations.

Mais les associations n’ont pas les moyens de payer par elles-mêmes. Les SSII participantes s’engagent donc à financer l’intégralité de l’opération en y consacrant leur économie d’impôts (ou bien un budget de leur mission handicap si les dépenses sont déductibles de leur contribution AGEFIPH). Plus elles réalisent de prestation via leurs salariés volontaires, plus leur « don en nature » a de valeur, plus elles ont droit à une économie d’impôts. Cette économie d’impôts fait l’objet d’un don à l’association bénéficiaire qui peut ainsi régler Wecena. Au final, le wecena ne rapporte pas directement d’argent à la SSII mécène (ni ne lui coûte, d’ailleurs), pas plus qu’à l’association bénéficiaire. Les bénéfices pour la SSII mécène sont immatériels et relatifs au renforcement de sa RSE (fierté d’appartenance, marque employeur, motivation des salariés, employabilité renforcée, limitation des risques psycho-sociaux, etc.).

cf. le schéma du modèle économique du wecena

Quelle est la valeur sociale et environnementale créée le long de la chaine de valeur ?

Est-ce que les liens ci-dessous répondent suffisamment à cette question ?

Comment se mesure l’impact social ?

cf. cette partie de la FAQ ainsi que notre business plan social, partie « évaluation et mesure de l’impact social »

La méthode SROI a été mise en ½uvre sur l’un des projets associatifs.

Voila !

Recycler des vieux PC, bonnes et mauvaises pistes.

Il y a 4 ans, j’ai récupéré par mon employeur une quarantaine de PC qui dataient de 2000 à 2003 et devaient partir à la casse. J’étais un peu dégoûté du gâchis consistant à les détruire au prétexte que leur valeur comptable était nulle et permettait donc à l’entreprise d’en acheter de plus récents. J’ai donc récupéré ces PC. J’ai exploré plusieurs pistes pour essayer de leur offrir une nouvelle vie. Mauvaises et bonnes pistes, voici mon bilan :

  1. les configurer pour les limiter à un usage associatif dans un quartier sensible : MAUVAISE PISTE => On a craint que l’association visée ne fasse don des PC dans le quartier et que ceux-ci terminent vendus « aux puces » plutôt qu’utilisés dans un contexte solidaire. J’ai donc verrouillé les PC en utilisant des logiciels de gestion de configuration (FAI et BCFG2). Cela a pris du temps de mes soirs et week-ends (beaucoup trop de temps… mais j’ai découvert que BCFG2 est un super logiciel qui pourra me servir pour le boulot…). Au final, me voici avec 40 PC sous contrôle. Entre temps et avant livraison, l’association pressentie a vu son local dévasté et vandalisé par des jeunes du quartier et la mairie a refusé de lui attribuer un nouveau local. Le local a-t-il été dévalisé parce que des jeunes du quartier espéraient monter un business avec les PC en question et ont été déçus du « retard à la livraison » ? Qui sait ? On peut tout imaginer. Au final, plus de local. Donc plus d’utilisation associative. Le responsable de l’association, courageux, récupère malgré tout une douzaine de ces vieilles machines qu’il installe pour les jeunes dans le sous-sol d’un pavillon. Mais mon système de contrôle à distance m’indique que, plusieurs années après, ils n’ont jamais été connectés au Net : jamais utilisés ? utilisés sans connexion ? ou déverrouillés malgré mon système de contrôle ? impossible à dire et peu importe…
  2. les prêter via une petite annonce sur mon blog ? MAUVAISE PISTE. Si cette association-là ne peut pas en prendre plus, peut-être que quelqu’un d’autre en voudra ? Je tente la petite annonce sur mon blog. Je reçois deux réponses mais la discussion se perd, une personne se dit intéressée et ne donne plus suite… Ca n’avance plus.
  3. envoyer 20 PC en Afrique ? MAUVAISE PISTE. Je contacte une ONG à Yaoundé (Cameroun). Le responsable local est ravi. Il contacte une société de transport en France. Après plusieurs mois de discussion, le devis est exorbitant et il doit renoncer.
  4. les confier à une asso française qui les envoie à son tour en Afrique ? MAUVAISE PISTE.Les 20 PC dorment dans mon salon et dans le garage de ma grand-mère… Nous contactons une association française qui collecte les vieux PC pour les envoyer en Afrique. Cette association les refuse : les PC sont certes rapides sur le Net si ils sont configurés sous linux (xubuntu) mais, en Afrique, les utilisateurs veulent du Windows XP et, même si les locaux promettent d’accepter du Windows 98 ou du Windows 2000, ils ont l’habitude de trouver ça « trop vieillot » et des petits malins les remplacent par du Windows XP puis se plaignent que la machine rame à mort et donc la considèrent comme foutue, bonne pour la poubelle… Quant à linux, qui connait linux dans les associations de solidarité en Afrique ? Pas assez de monde. Donc l’association française refuse de relayer ces PC.
  5. Les donner à des écoles en France ? MAUVAISE PISTE. L’école primaire de mes enfants dispose déjà d’une salle informatique flambant neuve. Les élèves n’y vont quasiment jamais car les enseignants n’aiment pas l’informatique, ne sont pas compétents ou ont peur. Quant aux écoles non équipées, le responsable informatique de circonscription n’accepte pas les dons de vieilles machines car il ne sait pas utiliser linux et souffre du syndrome « si c’est pas la dernière version de Windows, c’est que c’est une machine trop vieille pour être utilisable ». Comme les entreprises en fait…
  6. Les donner sur Freecycle ? MAUVAISE PISTE ! Grosse déception. Je publie d’abord sur le freecycle de ma ville, puis celui de la grosse ville voisine enfin sur celui de Paris. Après plusieurs semaines d’attente, il n’y a que 2 ordinateurs qui partent.
  7. Les donner via donnons.org ? BONNE PISTE ! Je publie mon annonce de don sur donnons.org et, en moins d’une semaine, j’ai plus de 20 personnes qui répondent et sont preneurs. Ca y est, tous les PC sont partis… Enfin… sauf 4 dont les demandeurs ne sont pas venus les chercher. Je relance quelques-uns des autres demandeurs et j’espère qu’ils partiront dans les jours qui viennent.

Ouf. Vive donnons.org !

Pourquoi professionnaliser les associations ?

Dans le cadre du wecena de sa société, Florence conduit une mission de conseil auprès d’une association du secteur handicap. Dans cette interview, elle explique pourquoi et comment les entreprises peuvent aider le monde associatif à gagner en rigueur et en sécurité.

Jean (Wecena) : Florence Dietsch, tu es consultante chez Neoxia, cabinet de conseil en systèmes d’informations. Quel est ton métier ?

Florence (Neoxia) : Je suis consultante sénior en organisation et systèmes d’information. J’interviens actuellement dans des projets de transformation d’entreprises ou d’administrations portant sur la qualité logicielle et sur l’usage des tablettes de type iPad dans le cadre de l’enseignement.

Jean : Ta hiérarchie t’a proposé de consacrer quelques jours de travail à une association de solidarité, entre deux missions lucratives. Comment t’ont-ils présenté la chose ?

Florence : Il s’agit d’une décision et d’un mécénat de mon entreprise, que j’effectue donc dans le cadre de mon travail normal. J’ai d’autant moins hésité à y contribuer que c’est tout à fait dans la lignée de mes engagements personnels en tant que bénévole auprès d’associations et en matière de solidarité.

Jean : En quoi consiste ta mission pour cette association ?

Florence : L’association Dyspraxique Mais Fantastique (DMF) regroupe des familles d’adultes et d’enfants handicapés du fait de leur dyspraxie. C’est un trouble de l’apprentissage qui touche plus de 5% des enfants en France. Ça leur pose d’énormes problèmes à l’école ou dans la vie de tous les jours. L’école n’est pas encore assez adaptée à ces handicaps et DMF mène plusieurs projets pour aider la société à s’adapter à la dyspraxie.

Pour cette mission, les bénévoles qui dirigent cette association ont demandé à Neoxia de les aider à analyser leurs procédures de gestion financière et de proposer des améliorations dans ces procédures. Ma mission permet également de proposer des améliorations dans leurs pratiques et outils de communication interne. Je suis donc chargée de mener à bien cette mission de conseil avec le soutien de quelques collègues.

Jean : Pourquoi as-tu accepté de te porter volontaire pour cette mission ? Qu’est-ce qui t’attire dans le fait de rendre service à cette association ?

Florence : En soi, je trouve que cette mission est très intéressante. Elle est étroitement liée à mon métier habituel de consultante. En plus, aider une association donne un intérêt supplémentaire à la mission car l’association a une forte utilité sociale. Alors j’essaie que ma mission fasse le plus grand bien possible à cette association.

Jean : Quel est le rôle que joue Wecena dans tout ceci ? Qu’est-ce que Wecena apporte à cette mission ?

Florence : Wecena repère les difficultés des associations qui pourraient être traitées par des sociétés de conseil et de service en informatique comme Neoxia. Ensuite, Wecena organise et supervise ces missions de manière à ce qu’elles puissent être menées à bien par des consultants qui n’ont que quelques jours à y consacrer entre deux chantiers lucratifs (ce qu’on appelle les périodes d’inter-contrat).

Jean : Ta mission pour cette association se termine bientôt. Qu’as-tu découvert ou appris au cours de cette mission ? Qu’est-ce qui t’a le plus surpris ?

Florence : Je ne connaissais pas la dyspraxie. La mission m’a permis de découvrir ce handicap et j’ai été abasourdie par le nombre de personnes concernées. En particulier, pour les enfants à l’école, ça fait 1 enfant concerné sur 20 soit plus de 1 par classe !

Ce qui me frappe aussi, avec les associations, c’est à quel point elles ont besoin de se professionnaliser. Pour gérer des problèmes de la taille de la dyspraxie, les associations devraient disposer d’énormes moyens. Mais ce n’est pas évident à gérer quand on vient d’une culture de familles et de bénévoles. Avec les dons collectés pour réaliser les projets, il y a toujours un risque de dérapage, d’incompréhension ou de mauvaise gestion. Les pratiques de contrôle, de communication et de gestion que l’on rencontre dans les entreprises ou les administrations bien gérées ont vraiment leur utilité pour les associations, surtout
pour celles qui grandissent et mènent des projets ambitieux.

Jean : Penses-tu que c’est le rôle de sociétés de conseil et de services en systèmes d’information comme Neoxia que de faire du wecena ? Pourquoi ?

Florence : Bien sûr ! Qui d’autre ?

The Humanitarian Openstreetmap Team had a conf call

… today. And here is the recording of the audio (OGG format). Unfortunately, it is missing 3 or 4 minutes at the beginning (I had to realize nobody else was to record the call and launch a few pieces of software) and 20 seconds at the end. I did no post-processing.

There’s even a public piratepad with the agenda and notes from the call.

Free money

Not « free money » as in « free beer » but free as in « free speech ». I mean « Libre money », like « Libre software ». Money made free. Goods made free so that they make people freer. What could this mean ?

Could the concept of copyleft found in the realm of software and intellectual creativity be transposed to material and rival goods so that humans get freer from their dependency on material goods and property ?

Let’s pretend I have a pencil in hand (or 10 euros). Here is my (imaginary) offer to you be : you can get this pencil if and only if :

  • after some predefined time (let’s say after 10 seconds) you must accept to give this pencil (or an equivalent pencil ?) further (not back) to anyone who asks for it and accepts some predefined conditions (the contract)
  • the most important condition this futher person/borrower must accept is to further transfer the goods along with their freedom contract once the defined delay has expired : they can’t put any additional restrictions to the freedom of people wishing to get these pencil(s)
  • maybe you will have some interest to add to it (for instance the condition may be that you must accept also giving a second pencil under these conditions after 10 seconds)

Once you get the pencil under such a contract, you are free to do anything you want with this pencil (you may draw a picture for instance). 10 seconds later, you may still keep it as your own (and keep on drawing pictures meanwhile) until someone comes to you and asks for this pencil. Then you must propose this pencil and an additional one under the conditions above. If the further person accepts these conditions, she may take this pencil (or these 2 pencils) and do the same : do anything she wishes during some time then keep doing anything she wants until someone gets the (1, 2, 3 or 4) pencil(s) under the same contract.

From now on, these pencils are made free. They are still the property of the persons who initially set them free. But, as long as the conditions of the contract are respected, they will freely flow from person to person. If there is an interest rate defined in the contract (the second pencil or 100% interest rate in the example above), then these interests are also made free and will contribute to the total amount of free rival goods in circulation. In some future, the whole population of pencils of planet earth may be made free in such a process !

You may note that this whole concept I am proposing here :

  • is rooted in the free culture of free software
  • is also rooted in the culture of giving in freedom which the economy of communion tries to promote
  • gets inspiration from the current trend of sharing stuff via the Internet, and optimize the ownership and use of material goods, including the fabulous freecycle network
  • somehow relates to the American ideal of « giving back to the community » (once you are richer) but with a twist
  • allows charitable gifts to poor people to be made less humiliating because the gift is now a loan and « officially » recognizes that the person receiving goods (the « poor » person) also receives a debt not toward the giver but toward humanity, while still giving merit to the initial loaner who « sufffers » from the « loss » of the items made free
  • is a common practice in many traditions such as master/apprentice  or teacher/student or parents/children relationships : master transfers some trade knowledge to apprentices as long as a moral obligation to further transfer this tradition/knowledge to future generations of apprentices/would-be-masters.

Now there are several practical problems with any attempt at contractualizing these practices of « giving back to the community » :

  • what if someone is materially not able to further give/transfer the good when the loan delay has expired ?
  • how to limit the risks of having malicious people exploit the system at their own profit and break the chain of freedom ?
  • are interests rate desirable or even morally acceptable ?
  • which sets of conditions would best guarantee the development of the freedom of humanity with regards to these goods ?
  • could such contracts be drafted and enforced world-wide despite borders and disparities among national laws ?
  • in order to maximize the probability that people don’t abuse the system and protect the freedom of these goods in further paying their debts, should the power of this contract mainly rely on justice (a judge may take your goods in order to pay your freedom debt) ? or on social mechanisms (such as only accepting female borrowers or borrowers who come as a group of independent but socially related people, in a way similar to some practices in the field of microcredit) ? or both ?
  • could such a system be made viable offline ? or will it necessarily rely on online trust mechanisms (identity, reputation, social networks, cryptography, …) ?
  • could such a system be made viable without a central platform ? can it work in a peer-to-peer fashion in the same way free software licences work (the only central point of failure for the GPL is the unique power of the FSF to release later versions of the GPL) ?
  • could the risk of failing borrowers (people not paying their debt further) be covered by some insurance mechanisms and agents ?

My real purpose here (beyond playing with an attractive concept) is to invent a contract which can be useful in order to augment the freedom of people to access and use goods they don’t own while still protecting (and contributing to) the freedom of further people to do so.

With your comments and contributions, maybe we could find the perfect combination of conditions a freedom loan contract should impose in order to meet the purpose above.

In further comments or posts, we/you may :

  • tell the fiction of several goods released under free loans/free debt contracts in order to explore the potential advantages and drawbacks of some combinations of conditions,
  • propose several such loans « for real » to readers in order to practically experiment and play with these concepts.

(But please DO NOT ASK for money here. Money will not be given to you. People asking for money and not usefully contributing to this conversation may be banned as spammers.)

Comment installer une plate-forme Wecena ?

Wecena est une entreprise qui organise des chantiers de mécénat de compétences pour informaticiens. Mais Wecena, c’est aussi un ensemble de logiciels libres (et open source et gratuits, licence AGPL) qui permettent d’organiser des chantiers de volontariat, de mécénat ou de bénévolat de compétences pour mettre des professionnels au service de grandes causes. Vous pouvez librement installer ces logiciels sur vos propres serveurs pour mettre en place des plates-formes réunissant entreprises et associations autour de projets de solidarité. Les logiciels Wecena sont déjà :

  • utilisés par Wecena dans le secteur informatique
  • installés par Investime pour organiser des missions professionnelles de solidarité dans les métiers de l’assurance (soutien à des institutions de micro-finance en Afrique notamment)
  • étudiés par Antoine G. pour organiser des chantiers de mécénat de compétences dans certains métiers du conseil et des services

Voici un copier-coller de mes derniers échanges par email avec Antoine (avec sa permission). Ceci peut vous aider à savoir comment installer votre propre plateforme Wecena. Pour pouvoir suivre ces échanges (et installer Wecena sur vos serveurs), il faut avoir les compétences suivantes :

  • notions d’administration systèmes linux
  • expérience en développement Web objet, si possible sur un langage open source

From Antoine G. to Jean M.

[…] Nous serions intéressé de tester la plateforme Wecena que tu as mise en place.

Pour cela, [j’ai reçu un mail] sur lequel tu indiques l’adresse de ta plateforme de test avec quelques comptes ainsi que les étapes nécessaires à l’installation de Wecena sur un autre serveur.

Je t’avouerai que sur ce deuxième point j’ai fait un checkout sur mon serveur debian, et regarder quelque peu le lien sur la configuration et le lancement d’un buildout de Plone mais tout ceci n’est pas clair pour moi encore. Si comme tu le proposais, tu pouvais me transmettre un exemple de buildout comme point de départ, avec un mini tuto, ça pourrait grandement me / nous rendre service ;-)

Et à vrai qu’est-ce exactement qu’un buildout, une sorte de Makefile ?

J’ai déjà python 2.4.4 d’installer et j’ai ajouté quelques packages qui pourraient m’être utiles « plone3-site » et « zope-plone3 » (à peu près similaire j’ai l’impression).

Je te remercie par avance, pour l’aide que tu pourras m’apporter en temps voulu.

Quoiqu’il en soit, je continue de potasser le tuto plone sur la création de bluidout de mon côté…

From Jean M. to Antoine G.

Le 22/12/2010 23:43, Antoine G. a écrit :

> Je t’avouerai que sur ce deuxième point j’ai fait un checkout sur mon
> serveur debian, et regarder quelque peu le lien sur la configuration et
> le lancement d’un buildout de Plone mais tout ceci n’est pas claire pour
> moi encore.
> Si comme tu le proposais, tu pouvais me transmettre un exemple de
> buildout comme point de départ, avec un mini tuto, ça pourrait
> grandement me / nous rendre service ;-)

La première chose que tu devrais faire, c’est sans les produits Wecena : essaie d’installer Plone 3.3.5 via son buildout en suivant ce tutoriel
http://icp.ge.ch/sem/plone-dip/le-pool-plone-dip/icp-zope-technique/installation-plone3-buildout

> Et à vrai qu’est-ce exactement qu’un buildout, une sorte de Makefile ?

Oui, en quelque sorte.

C’est un ensemble de fichiers de config (habituellement en « .cfg ») qui indiquent au logiciel buildout quelles sont les dépendances et paramétrage de déploiement d’un logiciel Python (par exemple de Zope et Plone).

Quand tu télécharges Plone sur plone.org, l’installeur te déploie Plone avec les options par défaut. Tu peux modifier ces options dans les fichiers.cfg puis mettre à jour ton déploiement en lançant la commande bin/buildout A ce moment-là, buildout va télécharger, paramétrer et installer tous les composants logiciels spécifiés dans ses fichiers de config.

Le tutoriel ci-dessus te permet d’installer directement Plone via buildout sans passer par un package de ton OS ni par l’installeur packagé sur plone.org. Il te permet de bien voir toutes les étapes d’installation.

> J’ai déjà python 2.4.4 d’installer et j’ai ajouté quelques packages qui
> pourraient m’être utiles « plone3-site » et « zope-plone3 » (à peu près
> similaire j’ai l’impression).

Si tu peux prendre python 2.4.6, ce serait mieux (pas sûr que Plone 3.3.5 marche avec python 2.4.4). Au besoin, tu télécharges la source et tu recompiles simplement.

Mais, pour zope et plone, oublie les package debian et installe plutôt en suivant le tutoriel ci-dessus. En effet, c’est buildout qui s’occupera d’aller chercher les dépendance dont tu as besoin et de les paramétrer comme il faut.

> Je te remercie par avance, pour l’aide que tu pourras m’apporter en
> temps voulu.

Une fois que tu auras réussi l’install d’un plone avec buildout en suivant le tuto, je t’indiquerai comment y ajouter les produits wecena comme dépendances.

> Quoiqu’il en soit, je continue de potasser le tuto plone sur la création
> de bluidout de mon côté…

OK

N’hésite pas à me faire signe au moment où tu coinces.

From Antoine G. to Jean M.

Je reviens vers toi pour te faire un petit point d’avancement sur mon installation de plone 3, à travers le tuto que tu m’as transmis ( http://icp.ge.ch/sem/plone-dip/le-pool-plone-dip/icp-zope-technique/installation-plone3-buildout ).

Dans l’ensemble ça c’est bien passé sauf que les liens des productdistros étaient pour la moitié mort… Je suis allé chercher les fichiers à la mano sur d’autres sites mais je pense que c’est bon de ce côté là.

http://plone4artists.org/products/plone4artistsvideo/releases/1.1/Plone4ArtistsVideo-1.1b1.tar.gz *DEAD*

*NEW –> http://dist.serverzen.com/misc/Plone4ArtistsVideo-1.1b1.tar.gz*

http://downloads.sourceforge.net/julius/ATGoogleVideo-0-6.tar.gz

http://plone.org/products/cmfnotification/releases/2.0/cmfnotification-2-0-rc1-tar.gz *DEAD

NEW –> http://plone.org/products/cmfnotification/releases/2.0/cmfnotification-2-0-tar.gz –> rename to cmfnotification-2-0-rc1-tar.gz*

http://plone.org/products/mailservices/releases/0.5/armailservices-0-5.tgz

http://plone.org/products/ploneldap/releases/1.0/PloneLDAP-bundle-1.0rc3.tar.gz

http://plone4artists.org/products/plone4artistscalendar/releases/1.1/Plone4ArtistsCalendar-1.1b1-plone3.0-bundle.tar.gz *DEAD

NEW –> http://icp.ge.ch/sem/plone-dip/utiliser-plone-efficacement/gerer-mon-plone/produits/produits-infos-admin/produits-fichiers-utiles/Plone4ArtistsCalendar-1.1b1-plone3.0-bundle.tar.gz/at_download/file –> rename to Plone4ArtistsCalendar-1.1b1-plone3.0-bundle.tar.gz

* http://weblion.psu.edu/static/products/cssmanager/cssmanager-0.8.tar.gz

Lors de la première exécution du ./bin/buildout j’ai rencontré pas mal de messages d’erreur. En voici quelques exemples :

SyntaxError: ‘return’ outside function

File « build/bdist.linux-i686/egg/Products/Ploneboard/skins/ploneboard_scripts/comment_redirect_to_conversation.py »,

line 33

return printed

SyntaxError: ‘return’ outside function

File « /home/ploneTest/virtualplone/ploneproject/eggs/tmplebqDf/Products.NuPlone-1.0b3-py2.4.egg/Products/NuPlone/skins/nuplone_templates/livesearch_reply.py », line 146

return ‘\n’.join(output).encode(site_encoding)

SyntaxError: ‘return’ outside function

Modules/LDAPObject.c:1228: warning: return makes pointer from integer

without a cast

Modules/LDAPObject.c:1185: warning: unused variable ânewpwâ

Modules/LDAPObject.c:1183: warning: unused variable âoldpwâ

Modules/LDAPObject.c:1181: warning: unused variable âuserâ

error: Setup script exited with error: command ‘gcc’ failed with exit status 1

An error occured when trying to install python-ldap 2.3.12. Look above this message for any errors that were output by easy_install.

While:

Installing instance.

Getting distribution for ‘python-ldap>=2.0.6’.

Error: Couldn’t install: python-ldap 2.3.12

Après l’exécution des actions suivantes, j’ai finit par avoir l’exécution d’un buildout complet propre :

aptitude install libldap2-dev

aptitude install libsasl2-dev

aptitude install libssl-dev

cp /var/lib/zope2.10/instance/plone-site/var/Data.fs var/filestorage/

aptitude install python-ldap

Résultat :

./bin/buildout

Updating zope2.

Updating fake eggs

Updating productdistros.

Updating instance.

Updating zopepy.

Malheureusement quand je lance l’instance du serveur ça ne fonctionne pas, il ne trouve pas une librairie :

./bin/instance fg

File « /home/ploneTest/virtualplone/ploneproject/eggs/Plone-3.3.5-py2.4.egg/Products/CMFPlone/browser/ploneview.py », line 12, in ?

from Products.CMFPlone import utils

File « /home/ploneTest/virtualplone/ploneproject/eggs/Plone-3.3.5-py2.4.egg/Products/CMFPlone/utils.py », line 6, in ?

from PIL import Image

ImportError: No module named PIL

Voici la liste des paquets python installés de mon côté :

python

python2.4

python2.4-dev

python2.4-minimal

python2.5

python2.5-minimal

python-central

python-docutils

python-imaging

python-imaging-tk

python-ldap

python-minimal

python-newt

python-selinux

python-semanage

python-sepolgen

python-support

python-tk

python-twisted

python-twisted-conch

python-twisted-core

python-twisted-words

Il souhaiterait peut être avoir le package python2.4-imaging, malheureusement il m’installe forcément la dernière version python-imaging… Si tu as des pistes je suis preneur ;-)

Sinon une fois que l’on aura réussi à faire tourner le serveur, je serais intéressé comme tu l’as proposé de procéder à l’installation de wecena.

Pour ma curiosité personnelle et pour nourrir mon amour de plone, pourrais-tu me dire ce qui t’as guidé vers ce CMS ? Car je vois dans l’étude des CMS jointe en PJ ( http://www.waterandstone.com/book/2010-open-source-cms-market-share-report )qui a été faîtes sur l’année 2010, que celui-ci est loin d’être le plus répandu. Par contre je remarque que pas mal de livres sont sorties dessus, il doit avoir certains atouts majeurs…

Je te remercie pour l’aide que tu pourras m’apporter.

From Jean M. to Antoine G.

> Lors de la première exécution du ./bin/buildout j’ai rencontré pas mal
> de messages d’erreur. En voici quelques exemples :
> SyntaxError: ‘return’ outside function
> File
> « build/bdist.linux-i686/egg/Products/Ploneboard/skins/ploneboard_scripts/comment_redirect_to_conversation.py »,
> line 33
> return printed
>
> SyntaxError: ‘return’ outside function
> File
> « /home/ploneTest/virtualplone/ploneproject/eggs/tmplebqDf/Products.NuPlone-1.0b3-py2.4.egg/Products/NuPlone/skins/nuplone_templates/livesearch_reply.py »,
> line 146
> return ‘\n’.join(output).encode(site_encoding)
> SyntaxError: ‘return’ outside function

Tu peux ignorer sans risque les messages « SyntaxError: ‘return’ outside function » comme expliqué ici :
http://plone.org/documentation/error/syntaxerror-return-outside-function

> Modules/LDAPObject.c:1228: warning: return makes pointer from integer
> without a cast
> Modules/LDAPObject.c:1185: warning: unused variable ânewpwâ
> Modules/LDAPObject.c:1183: warning: unused variable âoldpwâ
> Modules/LDAPObject.c:1181: warning: unused variable âuserâ
> error: Setup script exited with error: command ‘gcc’ failed with exit
> status 1
> An error occured when trying to install python-ldap 2.3.12. Look above
> this message for any errors that were output by easy_install.
> While:
> Installing instance.
> Getting distribution for ‘python-ldap>=2.0.6’.
> Error: Couldn’t install: python-ldap 2.3.12
>
> Après l’exécution des actions suivantes, j’ai finit par avoir
> l’exécution d’un buildout complet propre :
> aptitude install libldap2-dev
> aptitude install libsasl2-dev
> aptitude install libssl-dev
> cp /var/lib/zope2.10/instance/plone-site/var/Data.fs var/filestorage/
> aptitude install python-ldap

OK Bravo.

> résultat :
> ./bin/buildout
> Updating zope2.
> Updating fake eggs
> Updating productdistros.
> Updating instance.
> Updating zopepy.

Super.

> Malheureusement quand je lance l’instance du serveur ça ne fonctionne
> pas, il ne trouve pas une librairie :
> ./bin/instance fg
>
> File
> « /home/ploneTest/virtualplone/ploneproject/eggs/Plone-3.3.5-py2.4.egg/Products/CMFPlone/browser/ploneview.py »,
> line 12, in ?
> from Products.CMFPlone import utils
> File
> « /home/ploneTest/virtualplone/ploneproject/eggs/Plone-3.3.5-py2.4.egg/Products/CMFPlone/utils.py »,
> line 6, in ?
> from PIL import Image
> ImportError: No module named PIL
> Il souhaiterait peut être avoir le package python2.4-imaging,
> malheureusement il m’installe forcément la dernière version
> python-imaging…
> Si tu as des pistes je suis preneur ;-)

Chez moi, c’est buildout qui s’occupe d’aller chercher et installer cette bibliothèque.

Pour cela, dans les fichiers .cfg de ton buildout, tu cherches la section [buildout] dans laquelle se trouve la liste de tes dépendances sous la forme d’une variable « eggs =  » avec la liste des dépendances. Dans cette liste, tu ajoutes :

PILwoTK

Si buildout se plaint de ne pas trouver cette bibliothèque, alors tu lui ajoutes quelques URL à partir desquelles il pourra aller fouiller. Ca se passe aussi dans la section [buildout] sous la forme d’une variable find-links :

find-links =
http://dist.plone.org/
http://download.zope.org/ppix/
http://download.zope.org/distribution/
http://effbot.org/downloads/
http://code.google.com/p/html5lib/downloads/list

C’est dans le dépôt http://download.zope.org/distribution/ qu’on trouve PILwoTK (= Python Imaging Library without its TK dependency).

Si ça ne marche pas, tu peux aussi compiler en récupérant le tarball ici : http://www.pythonware.com/products/pil/

> Sinon une fois que l’on aura réussi à faire tourner le serveur, je
> serais intéressé comme tu l’as proposé de procéder à l’installation de
> wecena.

Il faut que je prenne le temps de faire une distribution de mon buildout. Allez hop, c’est fait :

http://svn.gna.org/viewcvs/wecena/trunk/wecena.buildout/

Mais il faudra encore que je partage deux produits d’intégration :

wecena.policy
wecena.theme

Peut-être lundi prochain ?

> Pour ma curiosité personnelle et pour nourrir mon amour de plone,
> pourrais-tu me dire ce qui t’as guidé vers ce CMS ? Car je vois dans
> l’étude des CMS jointe en PJ qui a été faîtes sur l’année 2010, que
> celui-ci est loin d’être le plus répandu. Par contre je remarque que pas
> mal de livres sont sorties dessus, il doit avoir certains atouts majeurs…

Je n’ai pas fait d’analyse comparative complète récemment. J’en ai fait à certains moments dans mon parcours. Ton étude en pièce-jointe est super intéressante (notamment la méthodo qui m’a l’air très bien). Après, il faut voir comment tu l’utilises.

Le premier facteur pour choisir, à mon avis, en tant que développeur, c’est le langage. Développer en python me semble plus productif qu’en Java. Et conceptuellement plus satisfaisant (plus « professionnel » ?) que PHP. Ceci dit c’est une affaire de goût. Et la communauté python compte des développeurs d’un niveau vraiment excellents qui se mettent au service des autres. Donc il y a déjà un facteur un peu irrationnel qui m’a amené vers python et sa communauté. Concrètement, mon parcours en matière de langages de prédilection est le suivant :

  • Turbo Pascal quand j’étais au lycée (jusqu’en prépa en 93)
  • un peu de VB à l’école (94/97) mais surtout du Delphi
  • ensuite, de 98 à 99 je me suis tourné vers Perl car c’était, parmi les langages du libre, celui qui avaient le plus de bibliothèques orientées Internet (et avec une bonne orientation objet)
  • de 99 à 2005, j’ai encadré des équipes qui faisaient de l’ASP, du PHP et un peu de J2EE mais, pendant ce temps j’ai découvert python, plus « propre » et maintenable que Perl mais avec les mêmes avantages (grosse communauté et bibliothèques, à fond dans le Net, agile, dynamic typing, orienté objet) ; et c’est dans la communauté python que j’ai vu apparaître des produits et framework mûrs pour livrer ce que mes équipes ASP/PHP réinventaient de manière artisanale à chaque projet,
  • de 2005 à 2007, pour le boulot, j’ai fait du J2ME, J2SE et J2EE mais, franchement, quelle lourdeur de développer en Java quand on vient de python… j’aurais pu virer ruby (encore plus agile que python mais plus jeune) ou me mettre à PHP qui avait gagné en maturité objet

Donc, pour moi :

  • J2EE = ok mais lourd
  • ruby = ok mais « jeune »
  • Perl = ok mais peu maintenable (plus artistique…)
  • PHP = ok mais une communauté de niveau inégal (beaucoup de temps perdu avec des débutants)
  • Python = ok mais moins populaire

Ensuite, au niveau framework applicatif pour le web, conceptuellement, l’idée de publier des objets m’a séduit dès le début (Zope Object Publishing Environment) alors que le paradigme de l’époque (2000/2005) restait les applis sur mesure sur base relationnelle (LAMP côté libre). C’est quand-même plus confortable, pour développer, d’accéder « nativement » à une persistence objet (base de données objet) plutôt que de gérer des accès à des données relationnelle ou de devoir gérer une surcouche de mapping objet-relationnel.

Si on compare les CMS Web PHP comme Drupal ou Joomla d’une part, et Plone d’autre part, les avantages spécifiques de Plone résident dans sa couche de sécurité et dans son moteur de workflow (qui est essentiel dans la gestion de la sécurité). Il semble que ces aspects sécurité + workflow sont moins bien pris en compte dans Drupal et Joomla que dans Plone. C’est pourquoi Plone a une réputation de meilleur produit pour les besoins professionnels impliquant des règles de sécurité fines (et compliquées) et des workflows spécifiques, avec une gestion des rôles complexes.

Drupal serait plus à son aise pour les besoins communautaires « simples » et « variés » alors que Plone serait plus à son aise pour les besoins professionnels avec des processus métiers complexes. Les produits J2EE couvrent sans doute des besoins encore plus « pro » et des processus métiers encore plus complexes et  nécessitant plus de rigueur, mais au prix d’une lourdeur énorme.

Mais on parle bien de gestion de contenu, là.

A propos de la popularité des CMS, il faut bien voir ce qu’on compare. C’est normal que WordPress (PHP) soit astronomiquement plus populaire que Plone (python) puisqu’il ne fournit que 10% des fonctionnalités d’un Plone. De plus, Plone impose un hébergement spécifique (serveur dédié) alors que WordPress ou Drupal peuvent se satisfaire d’un hébergement partagé. Donc, si tu installes du Plone, c’est que tu as une bonne raison.

Mais si on parle de développement d’applications innovantes et spécifiques, de type crowdsourcing par exemple, alors j’irais regarder du côté de framework comme Django en python.

J’ai aussi l’impression que le développeur python « moyen » est plus à l’aise avec des concepts intéressants de développement que le développeur PHP « moyen ». Il y a plus de choses conceptuellement stimulantes dans la communauté python que PHP.

Par exemple, quelle est la maturité de telle ou telle communauté en matière d’outils et pratiques de Test-Driven Development, etc.

> Je te remercie pour l’aide que tu pourras m’apporter.

De rien.

Je t’ai répondu un peu en vrac ci-dessus alors n’hésite pas à préciser tes questions.

From Antoine G. to Jean M.

Merci pour tes indications précieuses. Tu as débloqué la situation, nous avons maintenant une instance zope/plone qui tourne.

Pour ce qui est du buildout de wecena, j’ai déjà fait un checkout du svn pour récupérer la distribution que tu as faite. Quand je l’exécute j’ai l’erreur suivante :

While:
  Initializing.
Error: The specified download cache:
'/home/jean/Desktop/techno/buildouts/.shared/downloads'
Doesn't exist.

Je pense que je pourrais commenter la partie faisant référence à ce dossier ‘downloads’ en local sur ton serveur car il n’est peut être pas nécessaire mais comme tu le disais il faut encore que je récupère wecena.policy et wecena.theme

Je te remercie pour ton analyse sur le marché des CMS avec en trame de fond les grandes lignes de ton parcours. Tout cela est fort enrichissant et si tu
conçois le développement python/plone à contrario de la lourdeur de Java, j’ai hâte de voire ça ;).

Maintenant que je vais bientôt pouvoir modifier / créer du contenu avec plone, as-tu un livre de chevet à me conseiller ? Je pense déjà regarder la doc du côté du site français de plone : http://plone.org/countries/fr/index_html

J’ai regardé le comparatif que tu m’as envoyé par la suite entre les 4 CMS (wordpress, drupal, joomla et plone), qui est encore un bon point pour plone. D’ailleurs en quoi la sécurité sur plone est-elle mieux assurée ? Est-ce simplement par un meilleur degré de précision sur la gestion des droits utilisateurs ?

From Jean M. to Antoine G.

Le 23/01/2011 03:47, Antoine G.  a écrit :

> Merci pour tes indications précieuses. Tu as débloqué la situation, nous
> avons maintenant une instance zope/plone qui tourne :
>
> http://alterformation.org:8080/

Bravo !

> Pour ce qui est du buildout de wecena, j’ai déjà fait un checkout du svn
> pour récupérer la distribution que tu as faite. Quand je l’exécute j’ai
> l’erreur suivante :
>
> While:
> Initializing.
> Error: The specified download cache:
> /home/jean/Desktop/techno/buildouts/.shared/downloads’
> Doesn’t exist.

Tu dois créer sur ton disque un répertoire dans lequel seront stockés les dépendances au fur et à mesure qu’elles sont téléchargées (cache). Et tu en indiques le chemin dans un fichier de buildout en lieu et place du chemin indiqué dans ce message d’erreur.

> Je pense que je pourrais commenter la partie faisant référence à ce dossier
> ‘downloads’ en local sur ton serveur car il n’est peut être pas nécessaire
> mais comme tu le disais il faut encore que je récupère wecena.policy et
> wecena.theme

C’est juste un cache local. C’est utile surtout si tu installes plusieurs buildout qui partageront le même cache. Si tu commentes cette instruction, buildout utilisera je ne sais plus quel chemin pour y stocker ses téléchargements.

> Maintenant que je vais bientôt pouvoir modifier / créer du contenu avec
> plone, as-tu un livre de chevet à me conseiller ? Je pense déjà regarder la
> doc du côté du site français de plone :
> http://plone.org/countries/fr/index_html

Ce bouquin-ci est très bien pour les techniques utilisés pour le développement dans Plone 3 : http://professional-plone-book.packtpub.com/

> J’ai regardé le comparatif que tu m’as envoyé par la suite entre les 4 CMS
> (wordpress, drupal, joomla et plone), qui est encore un bon point pour
> plone. D’ailleurs en quoi la sécurité sur plone est-elle mieux assurée ?
> Est-ce simplement par un meilleur degré de précision sur la gestion des
> droits utilisateurs ?

C’est l’une des deux raisons. La deuxième raison est plus fondamentale (ce qui en fait la première…) : Plone s’appuie sur la Zope Object DataBase (ZODB). C’est une base objet. Le caractère sécuritaire de cette base objet tient à ce que tout accès à un objet stocké fait l’objet d’un contrôle d’accès très fin et applicatif. Ce n’est pas comme dans le cas classique du développement avec une base relationnelle. Habituellement, avec une base relationnelle, tu as une chaîne de connexion (login + mot de passe) unique utilisée quasiment partout dans ton code. Ton code accède partout comme il veut à toute ta base de données. Au contraire,
avec la ZODB, l’accès à chaque objet se fait sous le contrôle des permissions associées à l’utilisateur qui s’est authentifié. Autrement dit, il ne s’agit d’une base de données par-dessus laquelle on a plaqué une couche de sécurité indépendante mais d’un système d’accès sécurisé aux données qui est inclus dans la base de données (ce qui a pour inconvénient un côté un peu monolithique de cette base).

Donc non seulement le contrôle d’accès est plus fin (d’innombrables permissions qui se combinent les unes aux autres) mais aussi il est plus « profond ».

Mais je te réponds un peu « de mémoire » donc je me trompe peut-être un peu sur les points ci-dessus. Les autres raisons pour lesquels on lit que Zope est sûr :

  • comme ce n’est pas une base SQL, la ZODB n’est pas soumise au risque d’injection SQL qui est une cause fréquente de failles dans les systèmes relationnels,
  • comme Zope est une techno moins populaire, il y a moins d’intérêt pour un pirate à l’étudier (?)
  • comme Plone fournit des fonctionnalités qui plaisent plus aux entreprises qu’aux bricoleurs (workflow, contrôle d’accès poussé), il est plus souvent utilisé dans un contexte professionnel que associatif ou personnel et donc la communauté Plone a une culture de sécurisation d’entreprise qui, en moyenne, est plus stricte et rigoureuse que dans la moyenne des produits alternatifs

A propos de la sécurité dans Zope, tu trouveras plus de détails ici : http://www.zope.org/Documentation/Books/ZDG/current/Security.stx

[ Update : malgré ces arguments, il faut noter qu’une vulnérabilité très grave de Plone vient d’être annoncée et un patch sera révélé mardi prochain. Mais, ces dernières années, je n’ai vu que 2 vulnérabilités significatives annoncées pour Plone. ]

J’ai publié wecena.policy et wecena.theme dans mon dépôt subversion. Tu devrais pouvoir les checkouter et les mettre sous le répertoire src/ de
ton buildout.

Et voila.

From Jean M. to Antoine G.

De l’entreprise responsable à l’entreprise sociale

[Je rédige cet article comme introduction d’un dossier spécial « RSE » pour les revue des anciens des écoles Centrale de Lille, Lyon, Nantes et Marseille. Je devrai en zapper certains paragraphes pour le ramener de 5 à 4 pages. Vos suggestions et corrections sont les bienvenues…]

Votre entreprise paie des impôts, maintient des emplois, sert des clients et des actionnaires, elle respecte la loi… Pour autant, exerce-t-elle pleinement sa responsabilité vis-à-vis de la société ? Pas forcément si l’on en croit le concept de Responsabilité Sociale de l’Entreprise.

Définition

La RSE va plus loin que les obligations légales. La Responsabilité Sociale de l’Entreprise, c’est la déclinaison du concept de développement durable au monde de l’entreprise. La RSE propose donc une vision de l’entreprise articulée autour de 2 concepts clefs : les parties prenantes et le triple bilan.

Parce qu’elle n’interagit pas seulement avec des clients ou des actionnaires, l’entreprise responsable prend en compte toutes ses parties prenantes : dirigeants, clients, actionnaires, fournisseurs, employés, collectivités publiques, familles des employés, associations et ONGs, habitants, personnes en marge de l’économie…

Et parce qu’avec chacune de ces parties prenantes, elle ne produit pas qu’un résultat économique, l’entreprise responsable évalue sa performance dans un triple bilan : économique mais aussi environnemental et social. On parle ici de bilan social au sens large, c’est-à-dire concernant :

  • autant les relations humaines au sein de l’entreprise (notamment avec les employés)
  • que les relations humaines à l’extérieur de l’entreprise (avec les familles des employés, les concurrents, les personnes éloignées de l’emploi, …) c’est-à-dire au sein de la Société avec un grand S (d’où l’expression de bilan sociétal parfois utilisée).

Les relations avec chaque partie prenante sont autant de chantiers pour le développement de la RSE.

L’entreprise et ses dirigeants

L’amélioration de la gouvernance est historiquement l’un des premiers chantiers d’action pour les grandes entreprises inventant leur RSE. Il s’agit d’améliorer la transparence du gouvernement d’entreprise et la responsabilité individuelle de ses dirigeants : règles de nomination des dirigeants et des administrateurs, mécanismes de contrôle et de sanction, répartition et régulation des pouvoirs des dirigeants… Plus de transparence et de responsabilité de la direction peut amener à un comportement plus responsable de l’entreprise.

Les fournisseurs

L’audit social ou environnemental des fournisseurs de l’entreprise est un autre levier historique de la RSE. Lorsqu’une marque grand public ou une enseigne de distribution se retrouve au centre d’un scandale médiatique parce que ses fournisseurs, dans des pays pauvres, font travailler des enfants ou des esclaves, il y a matière à faire changer l’entreprise et la faire devenir plus responsable. Limiter les risques de scandales est un premier pas pour motiver une politique d’achats responsables. De manière plus volontariste et positive, l’implication étroite des fournisseurs dans une politique RSE peut avoir un effet vertueux et significatif sur la situation économique, sociale et environnementale de pays très éloignés.

En France aussi, par le biais de sa politique achat responsable ou achat durable, l’entreprise peut exiger de ses fournisseurs qu’ils améliorent leurs pratiques sociales ou environnementales. Certaines grandes banques attribuent chaque année une note RSE à tous leurs fournisseurs et cette note est prise en compte dans les négociations de nouveaux contrats.

L’entreprise peut aussi davantage recourir au secteur protégé des entreprises employant des personnes handicapées et ainsi mieux satisfaire à ses obligations légales en faveur de l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Recourir à une entreprise d’insertion, c’est une autre manière d’exercer sa RSE en favorisant le retour à l’emploi de personnes exclues. Les entreprises d’insertion embauchent des personnes très éloignées de l’emploi (non diplômés, anciens détenus, personnes handicapées). Elles leur proposent non seulement un emploi d’un an ou deux ans mais aussi et surtout un parcours personnalisé pour se réinsérer dans le marché classique du travail (accompagnement psychologique, administratif, médical, social, …).

Les clients

L’attention que les clients apportent à la RSE de leur fournisseur est essentiel dans la motivation de l’entreprise à devenir plus responsable. Cette attention peut être telle qu’elle fait émerger de nouveaux marchés : le consommateur soucieux de naturel souhaitera acheter bio, le consommateur soucieux du bien-être des petits producteurs dans les pays pauvres souhaitera acheter équitable plutôt que d’enrichir des intermédiaires. Certaines marques de grande consommation peuvent s’associer à des Organisations Non Gouvernementales (ONG) en leur reversant un pourcentage des ventes effectués sur certains produits-partage. Le rôle du client est cependant limité par sa capacité à s’informer sur les produits. C’est pourquoi les labels de qualité environnementale (écolabels) ou sociale se multiplient : Forest Stewardship Council pour les bois et papiers issus d’exploitation forestières durables, Marine Stewardship Council pour les produits issus de la mer, etc.
Une autre manière d’associer le consommateur à la politique RSE de l’entreprise consiste à lui proposer d’arrondir sa facture à l’euro supérieur et à offrir ces centimes à un organisme d’intérêt général. C’est le concept du microdon ou de l’arrondi solidaire sur facture.

Que ce soit dans les appels d’offres des marchés publics, dans ceux du secteur bancaire ou dans les questionnaires référencement d’un nombre grandissant de grands comptes du secteur privés, les critères environnementaux et sociaux se multiplient. Certes, la crise modère leur importance pendant un temps. Mais la RSE est devenu un facteur de différenciation et un avantage concurrentiel pour nombre d’entreprises qui en font, à raison, un argument de vente.

Les salariés

Les pratiques managériales sont l’un des champs essentiels de la RSE.

En matière de recrutement, une entreprise responsable lutte contre les discriminations à l’embauche et peut rechercher une certaine parité hommes-femmes. Pour une responsabilité positive, elle peut développer des programmes de soutien à la diversité dans le recrutement, par exemple en recrutant auprès de populations plus en marge de l’emploi, par exemple les jeunes issus de quartiers en difficulté, ou en embauchant 6% de ses salariés parmi les personnes handicapées, comme l’y invite la loi française. Créer une filiale labellisée entreprise d’insertion est un moyen extrêmement puissant pour l’entreprise d’exercer son métier en offrant à des “accidentés de la vie” de retourner vers l’emploi.

La RSE vis-à-vis des salariés se traduit aussi par les politiques de formation et l’attention portée à l’employabilité des salariés.

Le syndicalisme doit jouer son rôle de représentation et de défense des intérêts des salariés. Mais la RSE appelle l’entreprise à ne pas s’en contenter et, éventuellement, à explorer les voies plus directes du management participatif comme, par exemple, à travers les expérimentations démocratiques des Sociétés À Gestion Partagée (SAGP). C’est aussi l’une des ambitions principales des sociétés coopératives et de leur principe “une personne, une voix”.

L’implication responsable des salariés passe aussi par la participation des salariés aux bénéfices de l’entreprise, notamment via les politiques de participation, d’intéressement ou d’épargne salariale.

Plus récemment, les politiques de mécénat des entreprises développent de nouveaux champs d’implication des salariés dans la responsabilité de leur entreprise. Le mécénat associé consiste à laisser les salariés proposer ou sélectionner les associations bénéficiaires de dons de l’entreprise, voire à abonder les dons individuels décidés par les salariés. L’arrondi solidaire sur salaire consiste à proposer aux salariés, via le gestionnaire de paye, d’arrondir son salaire mensuel à l’euro inférieur et d’offrir les bénéfices à une oeuvre caritative, avec ou sans abondement de l’entreprise.

Pour partager la RSE avec les salariés autrement que via leur portefeuille, certaines entreprises encouragent leurs salariés à mettre leurs compétences professionnelles au service d’associations d’intérêt général. Lorsqu’il s’agit d’y consacrer le temps libre du salarié, on parle de bénévolat de compétences. L’entreprise facilite la mise en relation avec l’association qui a besoin du métier du salarié mais c’est le salarié qui donne son temps. Lorsqu’il s’agit d’y consacrer du temps de travail, c’est l’entreprise qui fait ce don et on parle alors de mécénat de compétences. Le salarié peut être invité à consacrer à une association de solidarité une partie de ses congés ou jours de RTT, avec abondement de l’entreprise qui l’autorise alors, en proportion, à y consacrer quelques jours de temps de travail. Lorsque l’association de solidarité est à l’étranger (par exemple en Afrique), on parle de congé de solidarité internationale.

Le mécénat de compétences à l’américaine consiste à mobiliser un grand nombre de salariés pendant une unique journée autour de chantiers solidaires très simples : repeindre une école, débroussailler un terrain vague pour une association, nettoyer une plage, collecter des vieux téléphones à recycler… Le mécénat de compétences peut aussi se développer plus en lien avec les compétences professionnelles sur les gisements de temps de travail peu productifs dans l’entreprise. Il s’agit par exemple du wecena qui mobilise les périodes d’intercontrats (ou “interchantiers” ou “rompu”) en sociétés de conseil ou de services informatiques, ou encore qui peut exploiter les périodes de mobilité interne, de transition de carrière ou permettre de consacrer à une association de solidarité les quelques mois qui précèdent la mise à la retraite d’un cadre supérieur.

Les actionnaires

Les entreprises ont à faire à de multiples sources de pression, via leurs actionnaires, pour renforcer leur RSE. Les autorités publiques traduisent une partie des attentes RSE des investisseurs sous la forme d’obligations légales minimales. Le reporting social puis environnemental est devenu un exercice obligatoire pour les sociétés cotées en France depuis la loi en faveur des « Nouvelles Régulations Economiques » (NRE) de 2001. En matière de relations avec les salariés (« affaires sociales »), d’hygiène et de sécurité (accidents du travail, maladies), les obligations de reporting sont nombreuses. C’est aussi devenu le cas pour l’environnement naturel. Et, pour qu’il y ait reporting, il faut qu’il y ait mesures d’indicateurs quantitatifs et donc un certain effort de modélisation comptable en matière environnementale et sociale. Le reporting aux actionnaires peut ainsi dépasser l’obligation légale et devenir, parfois, un outil de management de la performance environnementale ou sociale.

Quelques agences privées de notation se sont spécialisées dans la notation de la performance sociale et environnementale : les agences de notation extra-financière. Sous leur pression, les entreprises gagnent en transparence… et en motivation pour renforcer leur RSE. Mais la fiabilité des agences de notation a ses limites que la crise de 2008 boursière a révélées. Estimant que les agences de notation n’emploient pas de processus rationnels, des bidouilleurs informatiques soucieux de la responsabilité économique des entreprises proposent des solutions alternatives basées sur la modélisation publique des données financières de ces sociétés (http://www.freerisk.org/).

Certains individus, ONGs ou groupes de pression privés, jugeant que telle ou telle sociétés sont trop peu responsables, s’engagent dans le militantisme actionnarial. Cela consiste à devenir actionnaire de manière à prendre la parole en assemblée générale et interpeler les dirigeants pour les appeler à une plus grande RSE.

L’argent restant le nerf de la guerre, les relations entre une entreprise et ses actionnaires sont un énorme champ d’innovation pour la RSE. A minima, les investisseurs classiques peuvent choisir d’exclure les entreprises d’armement ou de tabac de leurs portefeuilles. Mais les pratiques d’Investissement Socialement Responsable gagnent en maturité et adoptent des démarches plus constructives avec la tendance de l’impact investing. Il s’agit de privilégier des prises de capital dans des entreprises allant au-delà de la RSE car s’engageant sur la production d’un impact social (sociétal ou environnemental) mesurable, au détriment d’une rentabilité financière qui est donc parfois moindre. La méthode du Social Return On Investment permet à une personne défavorisée bénéficiant de l’action de solidarité d’une entreprise d’exprimer, en euros, la valeur qu’elle attribue à cette action. L’investisseur peut alors comparer cette valeur perçue par le bénéficiaire avec le coût consenti pour cet investissement. Il peut ainsi choisir d’investir dans les entreprises au plus fort impact social.

Dans les entreprises à capital altruiste, des pactes d’actionnaires ou les statuts prévoit qu’un pourcentage immuable du capital (et donc les dividendes qu’il produit, mais pas forcément les voix) revient à un organisme d’intérêt général désigné à la création de l’entreprise.

Dans toute entreprise, pour rendre les actionnaires plus solidaires des salariés, une prime de fidélité proportionnelle à la masse salariale peut être prévue en abondement des dividendes annuels et devenir ainsi le miroir de la participation aux bénéfices parfois versée aux salariés. A l’extrême, actionnaires et salariés ne font plus qu’un, comme dans les sociétés de personnes du mouvement coopératif. Les bénéfices sont réinvestis ou distribués aux salariés coopérateurs.

Les générations futures

Pour préserver les possibilités des générations futures, l’entreprise à forte RSE peut chercher à dresser son bilan environnemental : bilan carbone, bilans d’émissions de polluants et autres mesures de l’empreinte environnementale de l’entreprise. Connaître le bilan des polluants, de la consommation en eau ou en matières premières permet de minimiser l’empreinte environnementale et, du même coup, de réaliser des économies. Dans le domaine agricole, cette démarche fonde le concept d’agriculture raisonnée. Le reporting environnemental donne également à l’entreprise les moyens intellectuels pour compenser les effets négatifs des activités : par exemple en plantant des arbres pour captures le dioxyde carbonique émis par des usines ou des transports. Les mesures environnementales globales peuvent donner à l’entreprise l’occasion d’innover en analysant et en optimisant le cycle de vie complet de son produit : depuis sa conception jusqu’à son recyclage en passant par les phases d’achat, de mise en place, d’usage, de mise en déchet. On parle alors d’éco-conception.

L’entreprise étant un moteur essentiel de l’innovation, il ne s’agirait pas non plus qu’elle s’approprie l’exclusivité d’idées ou de connaissances au détriment des capacités d’innovation des générations futures. Les technologies de l’information facilitent le partage des créations intellectuelles. Cette baisse des coûts de partage et de modification des idées représente une menace pour des modèles économiques anciens (industrie du disque, cinéma, …). Pour compenser cette menace du partage, la tentation est forte d’étendre la durée des droits d’auteur et de rendre brevetables des éléments qui ne l’étaient pas (algorithmes et logiciels, connaissance du génome, …). La privatisation accrue des créations intellectuelles introduit des obstacles juridiques à la création, obstacles et défenses qui limitent la capacité d’innover des contemporains et des générations futures. A l’inverse, s’assurer qu’une de ses productions n’est pas encombrée de brevets est un moyen pour l’entreprise responsable d’en assurer une diffusion plus large et de donner aux les moyens de développer leur propre créativité. De même, le copyleft consiste pour une entreprise à utiliser le droit d’auteur pour garantir que les tiers bénéficieront de la liberté d’utiliser les produits de l’entreprise, de les étudier, de les copier et d’en redistribuer des versions modifiées sous les mêmes conditions juridiques. Ces pratiques responsables en matière de propriété intellectuelle encouragent la démocratisation de l’innovation et rendent possibles de nouveaux modèles économiques basés sur l’encouragement de la créativité des clients (marché des pro-amateurs et du do-it-yourself) ou sur la valorisation de la relation avec les créateurs (organisations de concerts, consulting, support…).

Les exclus

Le mécénat de solidarité, même lorsqu’il n’associe pas les salariés, est un autre moyen de soutenir la survie ou le développement humain des personnes les plus éloignées de l’entreprise par le biais du soutien financier aux associations de solidarité. Ceci peut se traduire par la création d’une fondation d’entreprise dédiée à ce soutien ou, pour utiliser une forme juridique plus récente et plus souple, par la création d’un fonds de dotation.

Parfois, l’offre de produits ou services de l’entreprise a pour objet direct la réponse à un besoin insatisfait de ses populations, en France ou à l’étranger. L’activité a alors un impact social direct significatif. C’est le cas par exemple de certaines offres de microcrédit ou de micro-assurance qui permettent aux plus pauvres d’accéder aux services bancaires ou assurantiels dont ils étaient exclus.

Pour pousser à son extrémité la recherche d’impact social au profit des plus démunis, certaines entreprises adoptent le principe du social business. Il s’agit de viser exclusivement la création d’un impact social ou environnemental positif et de ne reverser aucun dividende aux investisseurs tout en leur permettant de sortir du capital. Les bénéfices d’un social business sont réinvestis ou servent à rembourser les investisseurs pour leur permettre de sortir du capital mais sans intérêts financiers. Les parts ainsi libérées deviennent alors la propriété d’un organisme d’intérêt général gouverné démocratiquement par les personnes en difficulté bénéficiant de l’entreprise. C’est le cas de la Grameen Bank du prix Nobel de la Paix Mumahad Yunus, au Bangladesh et de toutes ses filiales. C’est aussi le cas de la joint-venture Danone-Grameen qui est dédiée à l’amélioration de la nutrition et du développement économique des populations pauvres au Bangladesh et qui est le premier exemple au monde de social business filiale d’un grand groupe privé « classique ». Une entreprise en social business est faite pour “faire le bien” de manière économique viable mais pas pour “faire de l’argent”.

Dans un esprit similaire, pour lutter contre la pauvreté, 800 entrepreneurs du mouvement chrétien des Focolari ont décidé de mettre leur entreprise au service des plus pauvres. Quel meilleur moyen, pour “faire de l’argent” et l’offrir aux plus démunis, que de créer ou développer une entreprise performante, responsable et profitable ? L’ambition de ce mouvement de l’économie de communion est double : lutter contre la pauvreté grâce aux dons des dividendes et montrer que l’on peut vivre, jusque dans le management quotidien de l’entreprise, une culture du don qui met l’entreprise au service de l’ “amour de son prochain”.

L’entreprise peut-elle devenir sociale ?

De l’environnemental au social en passant par l’économique, le spectre de responsabilité des entreprises est large. Et le curseur peut être poussé plus ou moins loin : depuis l’entreprise qui respecte ses obligations légales (et notamment fiscales) jusqu’à celle dont la finalité est davantage (voire exclusivement) environnemental ou social qu’économique en passant par l’entreprise “à forte RSE”. La notion d’entreprise sociale désigne justement cette catégorie d’entreprises pour lesquelles la recherche d’impact environnemental ou social dépasse significativement la recherche de profitabilité financière. L’avenir semble être fait d’entreprises appelées à être plus responsables. Mais l’entreprise responsable peut-elle évoluer progressivement jusqu’à devenir sociale ? Ou ce luxe est-il est-il trop révolutionnaire et réservé aux entrepreneurs sociaux qui inscrivent cette finalité de solidarité dans l’ADN-même de leur création ?

Agrégeons les missions de volontariat, bénévolat et mécénat de compétences

Je suis en train de regarder la video de la conférence Digital4Change avec M.Yunus et M.Hirsch chez HEC la semaine dernière.

Et la première intervention de Martin Hirsch me laisse croire qu’il y a une action technologique à fort impact social qui pourrait être lancée par un geek qui s’ennuierait un peu (ça doit bien exister, non ?). L’objectif social serait de faciliter l’engagement des jeunes (et moins jeunes) dans des actions de volontariat (à temps plein, indemnisé), de bénévolat (sur le temps libre, non indemnisé) ou de mécénat (à temps partiel ou plein, sur le temps de travail) auprès d’associations d’intérêt général. Ce que je suggère, c’est d’agréger et publier en linked data l’ensemble des missions de volontariat publiées par les diverses agences de service civique, en commençant par l’agence nationale française. Il y a même déjà un flux RSS 2.0 des missions.

Ensuite, il y a Unis Cités, le précurseur français. Pas de flux RSS ?

En France, on a aussi les missions de bénévolat. Je pense à Passerelles & Compétences et de multiples autres organisations similaires.

A l’étranger, il y a des dizaines de sites équivalents. Je pense notamment à idealist.org (qui a aussi un flux RSS de missions) et d’autres.

Ce serait vraiment génial de publier des flux interopérables de toutes ces bases de volontariat et d’en publier une vue agrégée sur un site central, avec possibilité de recherche multicritère et d’alerte (en flux RSS ou par email).

Bon, ceci dit, c’est un peu nul de ma part de suggérer cette idée dans la mesure où je ne prendrai probablement pas le temps de lancer techniquement une telle initiative. Mais je serais ravi d’y participer et d’y inclure les flux de missions de plate-forme ouvertes de mécénat de compétences (Mecenova, Wecena, et pourquoi pas makesense et d’autres, …). Ca inspire un hacker de passage par ici ?

Des volontaires pour CrisisCommons et/ou OpenStreetMap ?

Le contexte

CrisisCommons est un mouvement d’internautes bénévoles qui a pour vocation d’aider les ONG humanitaires à tirer le meilleur parti possible des communautés de volontaires technophiles sur Internet pour participer à la gestion des catastrophes (tsunami, tremblement de terre).

OpenStreetMap est une communauté de cartographes amateurs et un système d’information géographique libre (données libres) dont l’un des champs d’application est la gestion des crises humanitaires.

Je désire mettre des informaticiens en intercontrat au service de ces deux communautés dont le travail est non seulement innovant mais absolument remarquable. L’enjeu, ici, est de sauver des vies grâce à des bénévoles, de la techno et des données libres !

Depuis quelques semaines, j’essaie donc de cadrer ma mobilisation de volontaires, à l’aide des contributeurs français de ces communautés. Et notamment, avec les suggestions de :

  • Claire Ulrich, représentante de Global Voices et d’Ushaïdi en France et contributrice CrisisCommons de renom,
  • Ratzillas, contributeur de premier plan de la communauté OpenStreetMap en France et représentant de la branche « données libres » de l’association OSGéo-FR, et fort contributeur de CrisisCommons en France,
  • Sarah Aizenman, coordinatrice et représentante de l’association Fondation Casques Rouges
  • et de toute personne qui postera un commentaire plus bas ;)

Pour fonctionnert

Pour pouvoir mobiliser des volontaires en entreprise, voici la liste des ingrédients qui seraient requis :

  1. un organisme d’intérêt général (au sens de l’article 238 bis du code général des impôts) pour valider institutionnellement le projet et, fiscalement, les dons : la Fondation Casques Rouges ? l »association OSGéo-FR ?
  2. des sources de tâches humanitaires à réaliser, en recherche de volontaires ; on les a, sous la forme du wiki Crisis Commons et de la communauté OSM (notamment la Humanitarian Openstreetmap Team)
  3. un comité des sages qui, seul, a le pouvoir de décider, parmi ces tâches, lesquelles doivent être confiées à des volontaires et lesquelles doivent être ignorées, sur la base de leur véritable utilité humanitaire (espoir d’impact social positif) et d’une charte publique à définir (style Croix-Rouge : neutralité, etc.). Ce comité est investi de son pouvoir par l’organisme d’intérêt général. Ce comité pourrait être constitué de… Claire, Gaël, Sarah ! (par exemple)
  4. un staff maîtrise d’ouvrage = du temps homme, pour coordonner au quotidien, de manière opérationnelle, les volontaires. Peut-être que ce temps (et donc ce pilotage au quotidien) pourrait être assuré par la Fondation Casques Rouges, qui me semble être la seule à disposer de temps.homme salarié destiné à ce type de réalisation ?
  5. un système d’information pour gérer les volontaires et la répartition des tâches = wecena.com, je l’ai fait pour ça
  6. un représentant du projet auprès des sociétés mécènes (pour gérer les relations au quotidien et en chercher d’autres) = moi, c’est mon job
  7. du temps.homme de conseil pour mettre en place, rôder et assister la maîtrise d’ouvrage, équiper et outiller les volontaires et professionaliser le support opérationnel aux volontaires (= tutoriels pour réaliser les tâches, etc.) = moi, c’est l’essentiel de mon job
  8. des volontaires et des sous pour que je puisse faire mon job = les SSII mécènes

Cette réflexion s’est entamée il y a quelques semaines et se poursuivra cet après-midi à l’occasion du 2ème Crisis Camp Paris, de 16H à 21H à La Cantine.

Envie de jouer à l’entrepreneur social ?

Parfois, vous rêvez de vous lancer dans une création d’entreprise ? Qui plus est une entreprise à vocation sociale, pour rendre le monde meilleur ou aider les plus démunis ? Je vous propose de jouer avec moi à l’entrepreneur social en m’aidant à déterminer, sur laquelle des 13 pistes de développement ci-dessous je devrais concentrer l’essentiel de mes efforts. L’objectif est de trouver ensemble le meilleur moyen pour développer les pratiques de mécénat de compétences en entreprises (don de temps de travail au profit d’une association) et, plus particulièrement, de développer le wecena (don de leurs intercontrats par les SSII).

Lisez puis votez pour la piste qui vous paraît la plus prometteuse en laissant un commentaire à la fin de cet article ! Je réunis en octobre un jury composé d’experts en management des SSII et en mécénat de compétences (il s’agit de mon comité consultatif stratégique). Ils désigneront avec moi la piste qui deviendra ma priorité principale pour les semaines à venir. Vous saurez ainsi si vous avez parié sur la piste la plus prometteuse mais, surtout, vos votes et commentaires influenceront ce jury. Ils influenceront aussi peut-être les autres structures qui, comme wecena, essaient de développer le mécénat de compétences (je pense notamment à Mecenova, Koeo, l’Admical, …). Alors participez, commentez !

Le problème

Comment obtenir plus de volontariat en intercontrat de la part des SSII ? Ce problème se décline de différentes manières :

  • comment obtenir un plus grand nombre de volontaires ?
    • soit en convaincant plus de SSII
    • soit au sein des SSII déjà partenaires de Wecena mais qui ne mobilisent pas tous leurs intercontrats
  • comment obtenir des volontaires mobilisés à temps quasi-plein plutôt qu’à temps très partiel ? (en fonction de leur motivation)
  • comment obtenir des volontariats plus longs, non pas en terminant plus tard (le retour en mission lucrative reste prioritaire) mais en commençant plus rapidement dès le premier jour d’intercontrat (optimisation des process et réactivité) au lieu d’attendre plusieurs jours avant le début du volontariat ?

Les pistes

J’ai identifié 13 pistes et j’hésite dans la détermination de la piste sur laquelle concentrer mes efforts. Sur laquelle de ces pistes seriez-vous prêt à parier mon temps et mes efforts ?

  1. Renforcer l’animation du volontariat
    • en animant le volontariat comme un jeu (serious game),
    • en mettant en avant des scores de résultat social (par exemple : « combien de fois les livres que j’ai adapté en braille en tant que volontaire ont été lus par des personnes aveugles ? »)
    • ou d’impact social (par exemple : « les adaptations d’exercices de maths que j’ai faites pour les enfants dyspraxiques ont une valeur de 1.324 euros aux yeux de leurs parents ») via la méthode SROI,
    • en mettant en place une notion de « niveau d’expérience », de difficulté des tâches et de progression des volontaires (comme dans les jeux video ou jeux de rôles)
    • c’est amusant, innovant et prometteur, mais c’est risqué et pas forcément faisable
    • en faisant des endorsements/recommandations/remerciements systématiques via les réseaux sociaux Viadeo, Linked In, Facebook
    • en animant, avec du contenus (interviews, video, …) des groupes de volontaires via les social media, organisé par projet associatif ou par entreprise d’appartenance
    • en systématisant les interviews/demandes de témoignage des volontaires
    • mais ça demande beaucoup de temps
    • en facilitant le bouche à oreille entre collègues pour mobiliser d’autres intercontrats, voire pour introduire le wecena chez le prochain employeur du volontaire (en cas de démission/licenciement pendant l’intercontrat)
    • le bouche à oreilles semble bien marcher aujourd’hui
  2. développer un réseau de prescripteurs parmi les élèves et anciens élèves des écoles d’ingénieur en informatique
    • par exemple en organisant un mini-défi pour élèves ingé au profit des associations soutenues
    • en mobilisant des junior entreprises pour faire du marketing auprès des anciens via les annuaires des anciens
    • comme lors de notre mini-défi organisé avec les élèves de l’ENSEIRB
    • mais peu d’anciens sont dirigeants de SSII et les junior entreprises ont un coût et l’organisation d’animation pour étudiants prend beaucoup de temps pour des résultats incertains
  3. développer un réseau de prescripteurs via les instances représentatives du personnel en SSII

    • comités d’entreprises
    • CHSCT
    • DP
    • sections syndicales
    • mais les syndicats ont-ils réellement une influence sur les DRH et les DG ? et si cette influence était plutôt négative ?
  4. développer un réseau de prescripteurs parmi les acheteurs de prestations informatiques chez les grands comptes des SSII
    • « le client est roi » et donc influent mais c’est assez indirect et les SSII se méfient de l’importance réelle accordée au critère RSE dans les politiques achats de leurs clients (« est-ce vraiment important à leurs yeux ? »)
    • les acheteurs mettent déjà une pression monstrueuse sur les SSII, faut-il vraiment leur demander d’en faire plus ou autrement ?
    • qu’est-ce que le mécénat de compétences à côté d’un discount de 3%
    • est-ce vraiment faisable et efficace ?
  5. développer un réseau de prescripteurs parmi les prestataires de formation pour informaticiens
    • la formation est une priorité en intercontrat et une pratique courante
    • le mécénat de compétences comme première expérience pratique sur un cas réel ?
    • potentiellement très attractif pour certaines SSII mais les associations ne sont pas là pour essuyer les plâtres des apprentis
  6. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en mécénat ou responsabilité sociétale et environnementale (RSE)
    • mais les SSII représentent justement une part infinitésimale du secteur du conseil en mécénat et RSE
  7. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants en stratégie RH et notamment stratégie recrutement
    • mais il faut bien distinguer les recruteurs et les consultants en stratégie RH et ont-ils un vrai pouvoir de prescription sur la gestion de l’intercontrat ?
  8. développer un réseau de prescripteurs parmi les consultants positionnés sur la niche des directions générales des SSII
    • très peu nombreux ?
  9. développer un réseau de prescripteurs via les fédérations professionnelles (Syntec Informatique, 3CSI)
    • bonne relation à renforcer avec Syntec Informatique mais effet très limité jusqu’à présent
  10. créer une petite carotte fiscale en réduisant les prestations aux associations et en laissant les SSII mécènes conserver une partie des économies d’impôts mécénat
    • diminuer de 2,5 ¤ le volume d’assistance aux associations pour faire gagner 1 ¤ seulement aux SSII (car on perd alors le levier fiscal du mécénat), est-ce vraiment judicieux ?
    • il y a un risque potentiel d’abus de droit fiscal en fonction de la motivation des SSII (la carotte est-elle une raison essentielle pour eux ou non ?)
    • ça peut être efficace pour ouvrir les portes ?
  11. renforcer la prospection directe
    • faire tous les salons emploi informatique pour les premiers contacts avec des RH en SSII
    • relancer plus activement les SSII au téléphone et professionnaliser mes techniques de « vente »
    • prendre un stagiaire commercial
    • tenter un publipostage aux DRH des SSII de taille moyenne ?
  12. rassurer davantage sur le plan fiscal
    • en améliorant/clarifiant mes supports de présentation du calcul de l’économie d’impôts mécénat
    • en packageant une étude avec une grande marque du droit fiscal
  13. monter des projets associatifs plus attractifs
    • des thèmes plus « sexy » (projets à caractère humanitaire ?)
    • des projets plus en lien avec les compétences métier hors développement
    • avec des « grandes marques » associatives grand public (Croix-Rouge Française, Restos du Coeur, …)

Voici pour les 13 pistes. J’ai trop tendance à courir 13 lièvres à la fois. Lequel devrais-je courser selon vous ? Qu’en pensez-vous ?

Entrepreneurs en communion

Lutter contre la pauvreté et faire de l’entreprise un lieu d’amour, de partage et don. Voici des objectifs des entrepreneurs de l’économie de communion. L’an dernier, certains d’entre eux se réunissaient, en France, pour faire un point et partager. Avec beaucoup de retard, je retranscris ici quelques témoignages notés lors de ce séminaire :

La transparence

Un promoteur : Dans mon activité, j’achète des maisons à démolir. Elles sont voisines mais je les achète à des prix différents. Il y a bien sûr négociation sur les prix. Et, sur certains projets, je promets une prime de performance secrète aux meilleurs partenaires. Mais ces partenaires sont aussi des voisins. Et, lorsque les secrets sur les primes sont levés, cela créé des jalousies, des tentatives de renégociation, des convoitises. Je me demande comment gérer ces situations. Faut-il couper la poire en 2 ?

Un artiste : Le secret est illusoire.

Un recycleur : La transparence totale, ce n’est pas facile. Mon objectif à moi, c’est de créer de l’emploi. Ce n’est pas la pratique habituelle dans le secteur car plus les volumes de recyclage augmentent plus la tentation est forte de réduire la main d’oeuvre. Notre politique, c’est donc d’être transparent et de « jouer » sur le relationnel avec les fournisseurs. Mes concurrents, ce sont de grands groupes qui ne sont intéressés que par le profit. Mais moi, je maintiens mes prix au-dessus des prix du marché. Mes fournisseurs ont peur que des grands groupes, si ils obtiennent une situation de monopole, se mettent à imposer leurs prix à la baisse.

On a mis en place une forte stratégie de traçabilité, c’est super pour offrir de la transparence. Mon rêve, ce serait d’arriver à créer un écosystème local dans lequel les produits de nos clients (fabriqués à nos matériaux recyclés) termineraient leur vie comme matière première de nos fournisseurs.

Le juste prix

Un artisan du Sud : Vera dit que l’économie de communion doit être plus productive pour se développer. Mais comment passer le cap des 5 ou 10 salariés ? J’ai négocié mes accords commerciaux 2010 avec un de mes distributeurs de produits bio, il a accepté et il y a eu un miracle : il ne m’a fait aucune demande de remise de fin d’année car il aime notre relation et notre attitude partenariale !

Un grossiste : Si tu te développes, c’est bien car tu développes aussi l’économie de communion. Mais, en même temps, tu nuis au concurrent si tu es sur un marché saturé et qui n’est pas en croissance. Par exemple, sur mon marché, le leader vient de déposer le bilan.

Un industriel du Nord : L’important, c’est de se développer de façon juste. La fin ne justifie pas les moyens donc le développement de l’entreprise ne peut pas être justifié par le développement de l’économie de communion, ce n’est pas suffisant. Qu’est-ce qu’un prix juste ?

Un grossiste : Celui sur lequel on s’accorde ?

Un industriel du Nord : Je viens justement de perdre un marché en cours de négociation car j’ai refusé de poursuivre des enchères sans fin…

Un grossiste : C’est plutôt normal de vouloir enchérir à la baisse pour emporter un marché. Maintenant, un client qui ne négocie pas sans fin et accepte les prix initiaux, c’est bien … Mais quand un nouvel entrant propose un prix plus bas, je préfère une ré-ouverture des négociations ! Par exemple, mon prix initial était juste mais il pouvait s’ajuster encore un peu. La question n’est pas « quel est le prix juste ? » mais plutôt « quel est le bénéfice juste ? » alors qu’on veut justement maximiser le bénéfice [pour l’offrir aux plus pauvres]. Je témoigne actuellement pour l’économie de communion dans un lycée. Et on me demande « Est-ce que la recherche de bénéfices dans l’économie de communion peut justifier des sacrifices sur les salaires ? ». Ca, c’est une vraie question !

Un artisan du Sud : La justice précède l’amour ! Avant de penser au partage avec les pauvres, il y a la justice sociale. L’exigence de l’économie de communion, c’est de devoir être plus créatif. Par exemple, il faut trouver des solutions financières créatives pour couvrir ses achats de matières premières (risques de fluctuation des cours sur les matières premières). »

Un paysagiste, soutenu par un assureur : Béni le concurrent qui vient de gagner l’affaire ! Je travaille avec un architecte qui vit mal de ses études. Je sais qu’avec certains concurrents, il demande donc des marges arrières ou une commission d’apporteur d’affaire. Moi, l’opacité de ce mode de fonctionnement (vis-à -vis du client) me gêne. Il le sait. Alors il n’a pas osé me proposer cette technique. Ca m’a touché !

Un recycleur : Moi aussi, je suis mal à l’aise de cette tension entre salaires et bénéfices…

Un paysagiste : Il ne faut pas trop s’en faire non plus : peut-être que ton salarié va faire un don à son tour, avec son augmentation ?

Une consultante : Pour moi, les bénéfices, ce sont vraiment les surplus. Et le plus important, ce n’est pas le don lui-même mais le désir du don dans la liberté.

Chacun sa crise

Un promoteur : En 2008, j’ai failli mettre la clef sous la porte car mon marché était en crise. Mais je n’ai pas licencié grâce à la loi d’aide à l’accession à la propriété.

Une apicultrice : J’ai embauché un saisonnier agricole sur un contrat précaire (pas d’ASSEDIC pour lui !). Notre état moral était dramatique en fin de saison. L’interlocutrice des administrations que j’avais au bout du fil a réalisé la situation. Comment faire un contrat annuel pour cet ouvrier ? Mon comptable me dit que mon entreprise n’a aucun intérêt à « déprécariser » cet ouvrier agricole !

Le problème de mon entreprise, ce n’est pas le manque de client, au contraire : je refuse un client par semaine faute de marchandise ! Les clients sont très contents des produits. Par exemple j’ai eu une commande d’un client suisse. La DGCCRF a fait une analyse de mon miel en labo et les résultats étaient tous positifs alors le client a pris la peine de me remercier. Non, mon problème, ce sont mes ouvrières ! Mes populations d’abeille se sont effondrées. C’est la grève générale !

La marge, le bio et la qualité

Un artisan du Sud : Nous avons une nouvelle gamme bio qu’on a lancé avec un positionnement haut de gamme et qualité. On a pris une super raclée car nous ne sommes pas les premiers et l’offre concurrente sur ce segment est trop large. Alors nous nous sommes remis en question et avons décidé de faire plus attention à la concurrence. On avait trop envie d’une marge plus grosse. Finalement, on a décidé de garder la qualité et de casser les prix pour chercher des gros volumes.

Nous n’avons pas de scrupules à adopter cette stratégie par rapport à la concurrence car la marge médiane du secteur est trop élevée. Nous voulons « proposer un prix honnête pour de la qualité ».

Un agriculteur : Moi, je ne vais pas baisser mes prix car il y a plein d’amour et de savoir-faire dans mes produits. Les consommateurs n’achètent pas qu’un produit mais aussi un savoir sur le produit (savoir comment il est fait). Les consommateurs ne sont pas prêts à payer vraiment plus cher pour du bio, ils vont au moins cher.

Un recycleur : Mon fils est agriculteur. Pour pouvoir vendre du bio (plus cher à produire), il invite ses clients à venir arracher les mauvaises herbes le samedi et il en profite pour leur expliquer le produit.

Innover en cohérence

? : Beaucoup de nos questions sur les alternatives, les tensions entre les contraires et les justes compromis se sont résolues par un sursaut de créativié. Dans ma paroisse, je parle souvent de cette approche de l’économie de communion. J’aimerais qu’on témoigne plus souvent et plus largement, et pas simplement à l’occasion de grands colloques. On devrait valoriser plus largement la créativité des entrepreneurs de l’économie de communion.

Une consultante : Et leur recherche de cohérence.

Un promoteur : Les bâtiments « basse consommation », ça coûte plus cher. Est-ce trop cher ? Ca coûte plus cher en matière grise (bureaux d’études) mais pas en matériaux de construction. Alors, il y a un peu plus de risque et il y a les habitudes, du coup on peut hésiter à se lancer sur ce créneau et préférer rester accrochés à ses vieilles pratiques de constructions. Innover, c’est aussi se battre contre soi-même.

Un artisan du Sud : L’économie de communion est à inventer dans l’entreprise mais aussi dans notre métier : ça demande des compétences en marketing et de la matière grise.

Un minier : Il y a un projet de TGV proche de notre carrière de sable et gravier. Alors on se demande si on ne devrait pas investir sur une centrale à béton sur notre carrière vu qu’on a déjà 50% de la matière première et je pourrais vendre 25% de ma production à la cimenterie proche. Mais pour rentabiliser cette centrale, il faudrait piquer des marchés locaux voire concurrencer mes clients… Est-ce la meilleure chose à faire ? Pour me développer, je dois choisir entre concurrencer ou innover en proposant de nouveaux produits de construction. Pas facile…

Un recycleur : Pourquoi je bosse ? Pas pour gagner mais pour créer ! Pour le plaisir de sortir de nouveaux produits.

Une hôtellière : Ma nouvelle activité, depuis 2009 (chambres d’hôtes + maraîchage) démarre bien mais je manque de visibilité car les réservations sont rares et les clients viennent plutôt « à la dernière minute ». 50% de mes clients viennent du réseau perso et 50% par les Gîtes de France.

Un artiste : Je voudrais acheter une maison pour accueillir les gens qui sont à la rue, peut-être dans le centre de Fontainebleau ? Ca coûterait entre 700 kEUR et 1MEUR. J’ai écrit 3 livres et disques pour commencer à financer ce projet. J’ai acheté beaucoup de publicité pour mon livre. Le livre est vendu à 15 EUR mais une personne m’en a donné 100 EUR ! Et les personnes à la rue l’achètent à 20 EUR ! Pour pouvoir participer à un salon promotionnel, j’ai été hébergé gratuitement par la mère d’un gars à la rue avec qui je travaille. C’est ce qui m’a décidé à aller à ce salon car j’hésitais beaucoup… En fait, le résultat de ce projet m’importe peu. Ce n’est pas mon argent qui est en jeu, c’est le Sien. Je fais juste ce que j’ai à faire. La plupart des journalistes chrétiens et professionnels de l’édition catholique me disent « vous êtes trop illuminé, trop déconnecté. » Mais ça ne m’empêche pas d’être confiant : la maison va venir en 2010.

L’un de mes principaux clients vient de rompre son contrat avec moi après 5 ans de bon fonctionnement car « vous êtes trop cher » m’ont-ils dit. Mais ils ont pris un musicien concurrent au même prix que moi ! Cette année, ce client m’a rappelé et m’a demandé de revenir 100% du temps puis une fois sur 2.

Un inventeur : Je mène un projet d’innovation industrielle en éco-conception d’emballage carton. C’est difficile. Ces innovations ne sont pas protégeables par brevet mais par les droits d’auteur (dépôt de modèle). Et il faut 5 à 6 ans pour qu’un projet de ce genre aboutisse à des royalties. Pour autant, je suis transparent sur ma marge espérée mais ce n’est pas la pratique du secteur. Ma transparence un peu débile en fait, mais mon business model me permet d’être débile sur ce point. C’est un peu de la provoc vis-à-vis des multinationales du secteur. Il faut dire que mes partenaires sont mes concurrents car ils ont leurs propres bureaux d’études internes. Je ne vis pas l’amour avec eux. Ce sont des multinationales. J’essaie juste de rester cohérent en leur parlant de l’économie de communion. La prière de l’économie de communion qu’avait proposé F me sert. En attendant les royalties possibles de mon innovation, je vis d’une activité de maître de conférences et d’un projet Internet. La prière m’a aidé à réaliser ma cupidité.

Une restauratrice : Je vais créer mon entreprise le mois prochain. Je suis habituée à la sécurité financière et je commence à réalise le risque financier que je prends. Je vais perdre ma sécurité et ça me fait peur. J’ai eu une boule au ventre quand la banque m’a accordé son prêt.

Un recycleur : Tes craintes sont la preuve que tu es responsable.

Une restauratrice : J’organisais des événements sportifs, comme salariée, dans le Nord. Je me suis recyclée dans la restauration (traiter pour les fêtes des particuliers et plateaux repas pour les entreprises). J’ai hésité entre plusieurs projets (resto ? traiteur ? camion de restauration ?) J’ai eu des hauts et des bas. Je me suis remise en question. J’ai décidé de « me laisser conduire ». L’entreprise que je vais créer sera le fruit de cela… A titre de formation, j’ai fait des repas événementiels.

Un industriel du Nord : Vive le Nord !

L’engagement

Un consultant : Nous avons réfléchi à ce qui fait les spécificités de l’économie de communion. Ce n’est pas un label mais ces spécificités méritent une attention suivie de notre part pour savoir où chacun se positionne. Nous avons identifié 5 critères :

  1. Mettre l’Homme à la 1ère place dans l’entreprise (ou prendre Dieu comme associé, si on est croyant.)
  2. Donner les bénéfices de l’entreprise aux plus pauvres et à la formation à la culture du Don
  3. Être cohérent dans son entreprise et dans sa vie. Ce n’est pas avoir une entreprise parfaite. Ce n’est pas un résultat mais une volonté, un engagement de moyen.
  4. Se former, se transformer, progresser. Participer aux 2 rencontres annuelles.
  5. Témoigner, accepter de témoigner publiquement, avec d’autres.

Nous avons fait des fiches de reporting par entreprise et un dialogue annuel pour faire le point avec chaque entrepreneur. D’autres critères sont importants :

  • l’entreprise doit exister
  • la famille doit pouvoir en vivre
  • la personne doit bien sûr être demandeur

Si l’entrepreneur ne vient pas du mouvement des Focolari, il y a une phase probatoire appelée « en phase d’être lié à la Mariapolis permanente ».

Un assureur : C’est un engagement vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des hommes.

Un grossiste : Au début, c’est flou ces critères et on besoin de savoir.

Philippe : La priorité, pour moi, c’est de témoigner par les actes (plus que par les discours).

Un grossiste : On me demande souvent si mes salariés sont parties prenantes de mon engagement. Ce n’est pas facile de les impliquer.

Un assureur : Il faut que ça transpire au fil du temps à notre insu.

La sociologue : Le vivre, ce n’est pas forcément l’afficher. Il y a un vrai risque de ne pas avoir des pratiques à la hauteur du discours.

L’implication des salariés

Un grossiste : Nous allons ouvrir notre capital aux salariés. On se demande comment le leur expliquer.

Un assureur : Il faut être très clair avec les futurs actionnaires.

Un grossiste : Si l’économie de communion est un critère d’entrée à l’actionnariat, il y a un vrai risque de scission entre salariés et donc un risque de ségrégation.

Une sociologue : La Banco Kabayan a des actionnaires et les dons se font sur les dividendes, pas sur les bénéfices. Chaque actionnaire est libre de donner ou non.

Un assureur : J’essaie de ne pas être fleur bleue en matière de confiance aux associés. La confiance n’empêche ni le contrôle ni le discernement. L’important est déjà de ne pas faire entrer au capital un associé qui mettrait les salariés en souffrance. Par exemple par sa manière de manager.

Une sociologue : Ca me rappelle cette expérience qui avait été racontée au journaliste de la chaîne KTO : un entrepreneur avait priait « que Dieu nous envoie les pauvres » puis avait reçu une demande d’embauche d’un sans-papier. Il ne l’avait pas embauché car il avait l’air « louche ». Puis un jeune drogué avait candidaté. Il l’a embauché car il a senti qu’il pouvait quelque chose pour lui (un peu par paternalisme ?).

Un assureur : Nous sommes des chrétiens sous-développés ! D’ici quelques années, soit l’économie de communion décolle, soit on va au crash. Nous avons dépassé un point de non-retour et nous avons une « bombe d’amour à bord » ! Il n’y a pas de pôle d’économie de communion (de laboratoire) sans Mariapolis. Il nous en faut une ! Pour enrichir notre manière de vivre par une expérience de vie qui inclue la vie de famille.

Un assureur : Je fais 2 propositions :

  1. engageons-nous tous à prier quotidiennement pour faire grandir notre désir d’une Mariapolis
  2. il nous manque de l’argent alors mettons chacun entre 1.000 et 100.000 EUR dans un tronc pour construire le bâtiment qui nous permettrait d’avoir une Mariapolis à Arny.

Une sociologue : On pourrait construire un local industriel et commercial et mettre en place un fonds financier à 50 EUR par action ?

Fin

Et voila pour mes notes… Je regrette de ne pas pouvoir participer aux autres rencontres qui ont lieu à l’étranger (la prochaine est en Suisse) pour mieux se connecter avec les entrepreneurs de l’économie de communion à travers l’Europe. Pour ma part, mon objectif avec Wecena reste de trouver pleinement ma place dans l’économie de communion. Ce n’est pas chose faite tant que je n’ai pas atteint mon seuil de rentabilité (entre 3 et 4 volontaires en équivalent-temps plein) et donc tant que je n’ai pas de bénéfices à partager avec notre associé invisible

Retrouvez les entrepreneurs français de l’économie de communion sur Linked In, Viadeo et Facebook.

Urgent : mobilisons les managers humanistes en SSII !

Pour transformer les SSII françaises en mécènes, Wecena s’entoure de conseillers bénévoles, les « guides du wecena ». Vous connaissez un dirigeant ou manager senior de SSII ou de société de conseil qui a la fibre humaniste ou citoyenne ? Il/elle dispose de l’expérience et de la carrure nécessaires pour guider Wecena dans son développement ? Il est prêt à consacrer quelques pauses déjeuners au développement d’une culture du don et du mécénat dans son industrie ? Envoyez-moi ses coordonnées pour que je le contacte au plus vite.

Attention, cerise sur le gateau : si il accepte dès ce mois d’août d’offrir ses conseils à Wecena, l’incubateur social Antropia (ESSEC et Caisse d’Epargne) offrira un nouveau financement de près de 30.000 euros pour faire décoller le wecena ! Faisons vite, il ne reste plus que quelques jours !

2 guides se sont dores et déjà engagés à soutenir le développement de Wecena :

  • François Hauser, associé fondateur du cabinet Neoxia, plus de 20 ans d’expérience en direction et développement d’entreprises de conseils et de services en informatiques,
  • Patrick Bertrand, président fondateur de Passerelles & Compétences, pionnier en France des relations entreprises/associations et du bénévolat de compétences,

A ce jour, Wecena a permis à 13 salariés de 5 SSII (Open, Neoxia, AMD Conseil, IORGA Consulting, Maltem Consulting) de consacrer une période d’inter-contrats aux projets de 3 associations d’intérêt général. Ensemble, ils ont :

Comment faire pour passer à 130 puis 1300 salariés volontaires ? à 50 puis 500 SSII mécènes ? à 30 puis 300 chantiers associatifs soutenus ? Les associations ont besoin de la générosité des managers de l’industrie des services en informatique. Sollicitez les plus humanistes d’entre eux pour qu’ils guident Wecena !

Pour en savoir plus sur le rôle des guides du wecena :
http://www.wecena.com/apropos/participer/conseil-strategique

Et, si vous avez un compte sur Facebook, n’oubliez pas de rejoindre et de faire connaître la page « Je préfère les SSII qui font du wecena ! ».

Jusqu à -15% sur le coût salarial des intercontrats

En mobilisant vos consultants en intercontrat sur l’un des projets associatifs du wecena avant le 30 juin 2010, économisez jusqu’à 15% sur leur coût salarial (charges patronales comprises) !

La nouveauté, jusqu’au 30 juin 2010

Habituellement, les cabinets de conseil et SSII qui font du wecena consacrent 100% de leurs économies d’impôts au projet soutenu, de manière à permettre à leurs associations bénéficiaires de financer l’assistance à maîtrise d’ouvrage que je leur offre via Wecena SARL pour monter, encadrer et piloter les chantiers de volontariat.

Exceptionnellement, de manière à accélérer le démarrage des chantiers associatifs déjà repérés, et uniquement pour les sociétés qui fourniront un premier volontaire « sur le terrain » avant le 30 juin 2010, elles pourront conserver pour elle une partie des économies d’impôts mécénat, en proportion de leur degré d’engagement dans le wecena.

SSII mécènes, plus vous donnez vos intercontrats, plus vous économisez une grande part de leur coût salarial (jusqu’à 15% du coût salarial des volontaires participant) !

Les projets bénéficiaires

Pour mémoire et à titre d’exemple, la SSII Groupe Open met ses salariés en intercontrat au service de la bibliothèque numérique pour aveugles BrailleNet (association reconnue d’intérêt général). Ces volontaires relisent, corrigent et restructurent sous traitement de texte des romans et livres professionnels de manière à les rendre compatibles avec des machines de lecture braille ou de lecture par synthèse vocale.

Comme pour la plupart des 15 autres projets qui bénéficient du wecena, il n’y a :

  • pas ou peu de frais de mission : le travail s’effectue à distance ou sur Paris
  • aucun manque à gagner pour le mécène : le volontaire reste disponible à 100% et sans préavis pour tout entretien client ou pour retourner sans délai en mission lucrative
  • pas d’obstacle pour devenir volontaire : aucune expertise spécifique n’est requise

Les bénéfices pour le mécène

En faisant du wecena, les sociétés mécènes donnent tout son sens au service en informatique.

Leurs salariés, plus engagés et motivés, cultivent une attitude professionnelle même en intercontrat. Ils gèrent mieux leur stress, vivent mieux leur intercontrat, restent actifs et peuvent témoigner « Le sens du service, c’est faire don de soi. » (dixit Thomas, volontaire de la SSII Groupe Open, mars 2010).

Les sociétés mécènes développent leur capacité à attirer et fidéliser les meilleurs talents : à salaire égal, elles recrutent de meilleurs profits grâce à leur plus forte Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) et à une réputation d’engagement concret au service de la solidarité, loin des beaux discours. Elles recréent une certaine fierté d’appartenance au sein leurs équipes.

Enfin, les sociétés mécènes font référencer leur sens du service et leur forte RSE par les directions achats des grands comptes, en particulier du secteur public et de la finance (volet « développement durable/RSE » des questionnaires de référencement et des appels d’offres). Et les CVs de leurs collaborateurs en intercontrats sont mieux remplis !

Enfin, grâce à cet appel exceptionnel à compétences, les sociétés mécènes peuvent gagner la possibilité de sauver des emplois en allégeant jusqu’à -15% le coût salarial de leurs volontaires.

Pour en savoir plus

Contactez sans attendre Wecena SARL pour en savoir plus et découvrir comment faire du wecena.