Linagora propose une solution complète de gestion des identités électroniques appuyée sur des logiciels open source : InterLDAP (s’appuyant notamment sur AACLS).
Avantages : une couverture fonctionnelle très large (WebSSO, gestion de listes de diffusion, administration déléguée, infrastructure d’annuaires avec réplication, flexibilité extrême dans la gestion des règles de contrôle d’accès, user provisioning…), un coût de licences nul, des choix technologiques prudents et « industriels » (J2EE, OpenLDAP, respect des standards ouverts…).
Inconvénients : encore peu « packagée » d’un point de vue marketing, pas de grosse référence dans le secteur privé, difficile à acheter par un acteur privé (cf. ci-dessous), difficilement comparable avec un produit propriétaire concurrent.
Pour reprendre des thèmes évoqués avec Nicolas Chauvat de Logilab lors d’une récente conversation, ce type d’offres souffre de défauts communs à la plupart des offres produits open source lorsqu’il s’agit de les vendre notamment au secteur privé. Comment les acheteurs de grandes sociétés du CAC 40 peuvent-ils évaluer leur performance (et donc leur prime de fin d’année ?), eux qui ont l’habitude de la mesurer à l’aune du différentiel entre le prix public des licences et le prix négocié ? Les modes d’achats logiciels des gros acteurs privés ne sont vraiment pas adaptés à l’achat de solutions open source. En effet, le coût de licence étant nul, c’est l’évaluation d’un coût total de possession qui peut seul permettre la comparaison entre une offre open source et une offre propriétaire. Or, outre le fait que les modèles de TCO sont généralement peu fiables ou alors très coûteux à mettre en place, il est difficile de prévoir le coût des développements spécifiques/personnalisation. L’achat d’un développement au forfait suppose normalement que l’acheteur soit capable de fournir un cahier des charges fonctionnel du besoin détaillé et stable pour que le fournisseur en concurrence puisse s’engager sur un coût prévisionnel et prenne à sa charge le coût du risque lié à cette prévision. Mais le problème, c’est que l’acheteur est généralement incapable de fournir un tel dossier car les services informatiques sont généralement trop contraints par les délais et l’imprévisibilité des maîtrises d’ouvrage pour pouvoir formaliser ce cahier des charges dans de bonnes conditions. Cela entraîne des pratiques d’achat dans lesquelles on compare d’une part un coût de licence et de support et d’autre part un coût du jour.homme pour le développement spécifique. Dès lors comment comparer un produit propriétaire pour lequel l’essentiel du coût présenté à l’achat est celui de la licence avec un produit open source pour lequel l’essentiel du coût présenté à l’achat est celui de l’intégration ?
Etant données la marge d’incertitude liée aux spécifications fonctionnelles (imprécises, peu stables), la marge d’incertitude liée au modèle de calcul du TCO et la marge d’incertitude liée à l’évaluation de l’adéquation d’un produit au besoin fonctionnel, il paraît relativement vain aux acteurs privés de vouloir considérer des solutions open source dans leurs appels d’offres. Ce n’est que lorsque la nature de la relation du client à son fournisseur est un élément stratégique de décision que le choix open source paraît devenir évident. Lorsque le client cherche une solution qui lui donne plus d’autonomie vis-à-vis de l’éditeur, c’est alors qu’il peut voir la valeur d’une offre open source. Mais, même dans ce cas, peut-on réellement quantifier cette valeur ? Est-elle défendable devant des acheteurs et des décideurs du secteur privé ? Sans doute. Pourtant, je n’ai encore jamais vu d’argumentaire marketing soutenu par un modèle financier solide et reconnu par la presse professionnelle qui arrive à démontrer cette valeur. Les entreprises françaises croient encore qu’open source signifie soit gratuit, soit bricolé par des non professionnels, soit « non industriel » ou, dans le meilleur des cas, croient que l’open source signifie « prétenduement vraiment moins cher ». Plus encore, je pense que la mentalité générale consiste à considérer l’open source comme « non gérable ». Lorsque cette mentalité aura changé, c’est que les entreprises du secteur de l’open source auront réussi.
PS : A ces difficultés, il faut ajouter le fait que la plupart des SS2L regroupent des passionnés des technologies qui n’ont pas forcément les compétences marketing et de vente que réunissent habituellement les éditeurs propriétaires. Mais ce dernier point n’est sans doute qu’un péché de jeunesse ?