Vous connaissez le concept des carrotmob ? On trouve un commerçant qui accepte un deal du style : » On vous amène 200 clients ce soir et, en échange, vous vous engagez à consacrer 30% du chiffre d’affaires correspondant pour remplacer toutes vos ampoules à incandescence par des ampoules basse consommation et pour ajouter des produits équitables dans votre catalogue pendant un an ».
Bref, on agite devant le commerçant une carotte (les nouveaux clients) en échange d’un engagement solidaire pour la planète ou les plus démunis (investissement dans du nouveau matériel, changement de fournisseur d’électricité, etc.). Ensuite, « yapluka » rameuter les clients en foule « pour la bonne cause ». Si ça marche, tout le monde y gagne :
- les clients bénévoles ont fait leur bonne action (et leurs courses !)
- le commerçant a un chiffre d’affaire suffisant pour investir dans du nouveau matériel bon pour l’environnement ou dans de nouvelles pratiques plus solidaires et durables
- une bonne cause a été servie de manière concrète (environnement, solidarité, …)
Le concept est américain, sympa et se développe en Europe : avec un certain succès en Allemagne, plus lentement en France. Le plus dur semble être de trouver les commerçant prêts à s’engager : c’est nouveau alors ça suscite forcément un peu de méfiance…
Dans le cas qui m’intéresse, les commerçants sont des SSII. Et les carottes pourraient être… les futurs jeunes diplômés de grandes écoles ! Les élèves intéressés pourraient participer en acceptant d’assister à des journées de recrutement de SSII (présentation de la boîte, simulations d’entretiens) en échange d’un engagement concret de la SSII au profit d’une grande cause (handicap, éducation, pauvreté…). L’idée serait donc la suivante : je trouve une ou plusieurs SSII prêtes à s’engager : pour tout élève de telle ou telle école qui participe à son événement de recrutement, elle s’engage à offrir X journées de travail de ses salariés à une association de solidarité. Les SSII ne s’engagent pas à embaucher les élèves ni les élèves à répondre à n’importe quelle offre d’emploi de la SSII. Les étudiants participants s’engagent juste à participer à l’opération de recrutement, à ouvrir leurs yeux et leurs oreilles pour découvrir l’entreprise, à y déposer leur CV, éventuellement à s’entretenir avec des salariés ou des manages de l’entreprise… De leur côté, les SSII s’engagent à un offrir un nombre important de jours de prestations pour chaque participant. Et je contrôle par la suite que les engagements sont tenus dans les temps. En bonus, les élèves les plus motivés peuvent également aider bénévolement les associations de solidarité qui bénéficient de l’opération.
L’intérêt principal que j’y vois, c’est que les SSII raffolent des futurs jeunes diplômés des grandes écoles et que ce serait une sacrée carotte pour faire en sorte qu’elles fassent davantage don des temps morts de leurs salariés aux associations de solidarité pour lesquelles je travaille. Actuellement, les SSII qui font déjà du wecena font preuve de bonne volonté. Mais, en interne chez elles, convaincre ses collègues, patrons et subordonnés de l’importance de faire du mécénat de compétences n’est pas chose aisée : il manque une carotte concrète !
La question que je me pose encore est la suivante : y aurait-il suffisamment d’élèves de grandes écoles prêts à participer à de telles opérations de recrutement de manière à développer les dons de compétences des SSII au profit des associations de solidarité ? A votre avis ?
Difficile à pronostiquer, dépend de la taille de l’évènement (nb d’étudiants désirés), de ton partenaire (un nom inconnu sera peu attractif), et aussi à ne surtout pas négliger ça dépend beaucoup du lieu de l’évènement…
Je dirais que la propal semble très cohérente côté SSII, justement parce qu’elles ont du mal à attirer les étudiants, et que c’est bien la ce qui crée le problème de savoir si l’évènement est bien brandé pour les jeunes car si c’est juste la perspective entretien SSII + coup de pouce, pas sûr que ça suffise comme carottes pour eux… Ca dépend de ta cible étudiante – plutôt commerce, ingés, les deux ? Cb d’écoles en région parisienne ?
Enfin, aujourd’hui les administrations des GE peuvent filter assez fortement l’accès aux étudiants qui sont super sollicités déjà, donc penser à les contacter avant de se lancer… Dis nous si tu as d’autres questions :)
D’accord avec Antoine, dans le sens où ta communication vis-à-vis des écoles doit être bien faite. Tu vises en fait deux cibles : l’école et les élèves.
L’école (écoles d’ingé possédant la spé. informatique) a besoin de la proximité avec les SSII et d’opportunités pour communiquer sur elle. Par conséquent, elle sera naturellement plus ouverte aux contacts directs issus des entreprises/aux médias plutôt qu’un intermédiaire comme Wecena. A moins que tu soignes ta communication.
Les élèves sont clairement attirés par les offres de stage. Or, tout le monde sait en école que les entreprises proposent des stages plutot longs (6 mois), ce qui n’est pas intéressants pour les élèves de 1A/2A (population majoritaire des écoles) qui recherchent plutôt des stages courts (cela dépend des écoles). Donc, la plupart des élèves (sauf 3A s’ils sont là) n’hésitent pas à boycotter ce genre d’évènements de recrutement. En revanche, il existe des forums de recrutement organisés par l’école regroupant plusieurs types d’entreprises, ou parfois les élèves sont obligés de venir. Cela peut etre une porte d’entrée pour une SSII. Dans ce cas Wecena pourrait intervenir en prospectant ces types de forums, ou les services de relations industrielles des écoles pour négocier une place pour la SSII. Le problème est que ce travail est déjà fait par les RH de ladite SSII.
Pour conclure, l’idée peut être fructueuse, à condition de préparer en amont un déploiement réfléchi : une communication soignée car les élèves/les écoles ne seront pas forcément enthousiastes d’emblée, une idée d’évènement intéressante pour les deux cibles, une idée sur la façon d’atteindre le plus d’écoles/élèves possible en France pour un déploiement efficace.
Assez d’accord avec ce qui a été dit au dessus.
La carotte « entretien SSII + coup de pouce/bonne action » aura à mon avis du mal à passer auprès des étudiants.
Je ne peux parler bien sûr qu’en temps que 1A/2A pour l’instant.
Ce type de « deal » avec les entreprises est souvent mené par les associations/listes BDE qui en échange de subventions s’engagent à organiser des amphis de présentation, auxquels participent très souvent participent toute la liste pour faire bonne figure et profiter ensemble du buffet à la fin + éventuellement 2/3 intéressés.
Le principal moyen de rapprochement des élèves avec les entreprises reste jusque là le forum de l’école auquel tout le monde participe qu’il soit plus ou moins à la recherche d’un stage.
Je ne connais pas le pourcentage d’élèves qui se destinent à travailler dans les SSII mais c’est directement eux,a mon avis, qu’il faut cibler. Difficile à cibler dans les deux premières années, il existe certainement une filière les regroupant en troisième année (je parle pour Centrale) et arriver en disant, je vous propose clef en main un entretien est à mon avis un très bon moyen de les motiver.
Cibler les étudiants en recherche de stage de césure (2A) peut également bien marcher.
Tout ce qui évite l’envoi de mail + attente de réponse, et l’entretien avec un RH totalement inconnu (contrairement à un entretien où on a été recommandé) sera fortement apprécié.
Toute la difficulté réside à mon avis dans le fait d’inciter les élèves à postuler par ton biais et non par celui du site de la SSII.
N’hésite pas à revenir vers moi et pourquoi pas à proposer cette problématique en Hold Up !
A bientot
PS : l’implantation de nos études de cas d’entrepreneur sociaux à Centrale à toutes les chances d’aboutir, je te tiens informer.
Merci pour ces avis précis et bien construits.
Les SSII font déjà des événements de recrutement et elles ont du mal à faire venir beaucoup d’élèves. C’est sûr. Je comprends que, du coup, elles se rabattent souvent sur les forums emploi organisés dans les écoles ou sur l’organisation d’événements spécifiques par les BDE et ça leur coûte un peu. OK. Que les étudiants servent de carotte pour attirer les SSII, certes… Mais que la perspective du coup de pouce de la SSII à une association d’intérêt général serve de carotte pour attirer les étudiants, c’est moins évident !
En fait, je me dis qu’il y aurait 2 cibles d’étudiants :
– ceux qui, de toute façon, veulent un jour passer des entretiens en SSII (3A options informatique des écoles généralistes ou 2A intéressés par l’informatique pour une césure) => l’objectif est de les convaincre d’aller voir cette SSII-là en échange d’un engagement de la SSII de donner X jours de ces salariés à une belle cause solidaire,
– ceux qui ne sont pas spécialement intéressés par les SSII mais ont une fibre « solidarité » qui les amèneraient à se dire : « ah, ben pourquoi pas, ça ne me fera pas de mal de participer à cet événement si c’est pour une bonne cause ».
Au final, si on croise les deux cibles = élèves intéressés par l’informatique + élèves intéressés par le « social », ça réduit la population-cible à une toute petite poignée d’élèves par école.
Dans l’exemple des carrotmobs classiques, c’est la perspective de « forcer » un commerçant à adopter des pratiques « green » qui motive les consommateurs participant à venir dépenser de l’argent chez lui plutôt que chez leur commerçant habituel.
Dans le cas dont on parle ici, la perspective de « forcer » une SSII à donner de l’argent et du temps à une association n’intéressera pas beaucoup d’étudiants. C’est ça ?
Sur le plan symbolique, c’est un peu comme si on organisait un match de boxe entre les gentils étudiants futures recrues d’une SSII et les vils actionnaires de la SSII, uniquement intéressés par la performance financière. Les étudiants participants « voudraient » que la SSII fasse davantage de mécénat de compétences. Mais les actionnaires s’en foutent. Si suffisamment d’étudiants participent, alors ils remportent le match et « forcent » la SSII à se soucier de son impact social en plus de sa performance financière. Le problème, c’est que ça semble très difficile de convaincre suffisamment d’étudiants de participer dans ce genre de choses car la plupart n’en ont un peu rien à faire de l’impact social des entreprises et des problématiques de solidarité.
Pour faire une autre analogie (et pour détourner au passage une expression de Nicolas & MakeSense), c’est comme si des étudiants voulaient organiser un hold up dans une SSII : » Haut les mains, on vient voler 100 jours de travail de vos salariés pour les donner aux pauvres… mais on veut bien en profiter pour passer un entretien de recrutement ! » (sans vouloir être dupe, bien sûr, puisque la SSII aussi y gagne indirectement)
Dans les carrotmobs classiques, l’organisateur avait même fait monter les enchères : il avait contacté plusieurs commerçants pour leur demander quel pourcentage du chiffre d’affaires généré par l’opération ils seraient prêts à consacrer à la cause soutenue. Le commerçant qui a fait la meilleure enchère est celui qui a été retenu et chez qui tous les clients-participants-carrotmobbers ont été dépenser leurs sous. On pourrait imaginer faire la même chose avec les SSII : annoncer publiquement des enchères et organiser l’opération avec la SSII qui s’engagera à fournir le plus grand nombre de jours de travail de ses salariés en échange de chaque étudiant participant (un étudiant contre 8 jours donnés ? un étudiant contre 12 jours donnés ? un étudiant contre 20 jours donnés ? …).
D’un autre côté, ce système d’enchères ne semble pas avoir été réutilisé pour les carrotmobs suivantes. Peut-être était-il trop « agressif » pour les commerçants ? Et, en France, les carrotmobbers se plaignent de la difficulté à trouver des commerçants prêts à participer (moi, c’est l’inverse, j’ai les SSII et je n’ai pas les étudiants carrotmobbers)…
Concernant ta question, Antoine : plutôt écoles d’ingés ou business schools ? Les grosses SSII sont intéressées par les deux : en nombre, elles sont surtout recruteuses d’ingés en informatique mais elles ont besoin aussi de nombreux consultants, marketeux et commerciaux (« ingénieurs d’affaires ») qu’elles recrutent en écoles de commerce.
Au sujet de la nécessité de passer par l’administration de l’école, comme s’en soucie Christelle : je ne suis pas sûr que ce soit vraiment obligatoire directement. L’événement a bien sûr plus d’impact si il a lieu dans les locaux de l’école, sur le campus. Mais, à mon avis, ce genre de trucs ne peut s’organiser qu’avec les élèves eux-mêmes (trouver un petit noyau dur d’élèves prêts à s’impliquer dans l’organisation). Donc j’aurais tendance à croire que, si la demande vient d’élèves et que la communication se fait par le biais des canaux habituels de communications entre élèves (journal des élèves, intranet, etc.), l’administration aurait peu de raisons de s’y opposer. Bref, pas sûr qu’il soit nécessaire de contacter les administrations avant de s’assurer du soutien des étudiants.
Et j’imagine plutôt un événement par école plutôt qu’un événement regroupant plusieurs écoles (sur Paris). Mais je me trompe peut-être.
Au final, je me dis :
– c’est difficile à organiser pour moi car ça demande des compétences en communication et marketing que je n’ai pas et car mon grand âge (glurps) m’a éloigné de la vie estudiantine…
– je peux assez facilement trouver des SSII prêtes à participer et m’occuper des relations avec les SSII et avec la ou les associations bénéficiaires,
– l’idéal serait qu’organiser ce genre d’événement devienne un projet pour certaines associations étudiantes (association en charge de l’organisation du forum emploi annuel, ou BDE, ou autre)
– et si organiser ce genre d’événements au profit du mécénat de compétences devenait une prestation du Pro Bono Lab ? je pourrais co-financer ce genre d’opération si c’est au profit d’une des associations que je représente.
Bref, tout seul, je n’ai pas les moyens de prendre le lead pour organiser ce type d’opération. Mais si vous connaissez des personnes prêtes à prendre ce taureau par les cornes, je serais ravi d’y travailler avec elle et, éventuellement, de fournir un budget.
Christelle m’avait aussi envoyé d’autres remarques par mail, j’y réponds ici :
L’événement aurait-il lieu à l’école ? Oui. L’école va-t-elle autoriser qu’une entreprise (plutôt qu’une autre) organise un événement de ce type dans ses locaux ? A mon avis, ce sont les étudiants qui organisent l’événement et l’entreprise qui est invitée à participer (éventuellement en contribuant aussi aux frais, comme elle le ferait participer à un forum recrutement organisé par l’école, si c’est dans les habitudes).
Comment étendre le concept au niveau national ? Lentement, école par école et en passant par des réseaux d’anciens. Si le concept marche dans certaines écoles, cela veut dire qu’il y aura des élèves intéressés et prêts à passer le relais aux 1A les années suivantes. Je pourrais participer au « démarchage » des nouvelles écoles pour les contaminer avec ce concept si il est bien foutu. A la limite, le concept pourrait même être généralisé et gagner en puissance : pourquoi se limiter aux SSII (ça peut être bien pour démarrer dans la mesure où ça permet d’avoir mon soutien car ça sert les causes de mes associations clientes) ? le concept pourrait être étendu à toutes les entreprises susceptibles de faire du pro bono (mécénat de compétences). De toute façon, je préfère démarrer petit et grandir tranquillement plutôt que de viser gros et brûler trop tôt le fric d’investisseurs éventuels, façon start up. Mais ça se discute en fonction de avec-qui-je-le-fais !
Pourquoi les administrations des écoles prêteraient-elles attention à Wecena alors qu’elles ont déjà des contacts avec les SSII ? Elles n’ont pas à me prêter attention, je n’ai pas l’intention de démarcher les administrations (cf. plus haut). Par contre, démarcher les étudiants m’intéressent car c’est eux qui ont vraiment le pouvoir faire changer les SSII en participant. Et ce serait aux étudiants de gérer la relation avec les administrations, a priori, sous l’angle « recrutement + opération de solidarité ».
Quel niveau d’engagement des SSII ? Peuvent-elles financer ? Envoyer des salariés pour parler de différents sujets ? J’approfondirai ces questions avec les SSII quant on saura si il est possible d’avoir des étudiants. Grosso modo, pour le financement, l’idée serait qu’elles y consacrent le même budget que pour une opération de recrutement classique (forum emploi/forum recrutement dans l’école par exemple) en échange de la perspective d’avoir plus d’élèves que d’habitude. Et je peux fournir un budget complémentaire si cela me permet de bénéficier d’un plus grand nombre de dons de temps de travail de cette SSII pour mes associations clientes. Pour ce qui est d’envoyer des salariés, ça pourrait faire partie du deal mais je n’ai pas encore négocié ces détails. Pour l’instant, j’ai juste des grosses SSII intéressées par le concept en général et prêtes à en discuter plus en détails si je leur dis que c’est organisable réellement avec un nombre suffisant d’étudiants (éviter le flop…).
Comment étudier la faisabilité dans vos écoles ? Le principal point bloquant, c’est le nombre d’étudiants qui seraient prêts à participer. Pour le savoir, il faut d’abord savoir qui serait prêt à piloter la mobilisation étudiante, par école ou au niveau national, pour fournir les supports marketing/communication et la stratégie qui va avec. Ensuite, il faut monter un support de mobilisation avec un compteur d’étudiants intéressés et un appel aux SSII : nous sommes X étudiants dans telle école et prêts à participer à ce genre de choses, combien de jours.hommes êtes-vous prêts, en échange, à consacrer au wecena ? Peut-être une page Facebook pour ça » Mon CV ENSEIRB 2012 est une carotte pour SSII. Miam ? » ou bien » Hold-Up ENSEIRB 2012 : donnez-leur vos intercos ! » ou autre truc du genre ? Si vous arrivez à monter des pages de ce genre et à faire monter le compteur, je peux entamer les négos avec les SSII. Mais, au final, pour le contenu et la forme de ces outils de mobilisation (et de mesure de la participation potentielle), je pense que c’est vous, dans les écoles, qui êtes les mieux placés pour trouver la solution. Le plus simple est peut-être de commencer à en parler autour de vous et de voir à quelles conditions ce genre de choses est susceptible d’attirer du monde.