Une personne qui découvre le wecena et m’envoie le mail suivant :
Je trouve votre projet et votre actions extrêmement intéressantes… Mais, il y a un mais. Le choix d’un statut capitalistique pour ce projet à forte tendance « utilité sociale » me semble brouiller un peu les choses… …et c’est cela qui me retient pour le moment de m’engager à vos côtés. On pourra en discuter, un jour, peut-être ? J’en profite pour vous préciser que je n’ai pas d’opposition de principe au statut de SARL en soi… mais qu’en allant prendre les renseignements sur qui pilotait ce projet, je m’attendais plutôt à voir soit une association, soit au minimum un statut de l’économie sociale (une SCOP, par exemple). D’où ma surprise. Et deuxième précision : le point positif c’est la transparence dont vous faites preuve à ce sujet, qui m’eincite à vous contacter ;)
Alors, pourquoi une SARL pour le wecena ? Je vais essayer de donner mes raisons mais cela peut mériter de continuer la discussion via les commentaires de cet article.
A l’origine, une initiative individuelle (et non collective).
Le wecena est un projet personnel de création : c’est une idée que j’ai eu grâce à mes discussions et mes échanges avec certains et que je ne peux réaliser qu’avec l’aide et le soutien de beaucoup mais c’est une idée que j’ai la possibilité de concrétiser sans associé. L’investissement essentiel est en temps (mon temps plein depuis fin 2007) et très peu en argent jusqu’ici (quelques milliers d’euros) si je mets de côté le besoin de vivre et de nourrir sa famille au quotidien (les ASSEDIC aident pour cela). J’ai besoin de clients (les associations), de partenaires et, surtout, de mécènes pour mes clients. Qui dit association ou coopérative dit associés. Mais je n’ai pour l’instant pas besoin d’associés ni d’employés.
Dans cette mesure, ce n’est pas un projet issu d’un collectif mais d’un individu. Par conséquent, le seul statut juridique qui me semble approprié est l’entreprise (individuelle ou en société). Pour des raisons fiscales et économiques, le statut de SARL m’a paru plus approprié que celui d’entrepreneur individuel.
Attirer la confiance des entreprises mécènes
Pour mobiliser des bénéficiaires et des mécènes, le plus coûteux (en temps) est de convaincre les mécènes (SSII et cabinets de conseil). Les associations sont les plus rapides à se décider. Par conséquent, et malgré le phénomène de professionnalisation des associations, adopter un statut commercial me donne un (petit) atout supplémentaire qui est bienvenu pour dialoguer avec les mécènes : nous échangeons de professionnel à professionnel, d’entreprise commerciale à entreprise commerciale. Cela facilite la mise en relation, la prise de contact et l’établissement de la confiance.
Et l’argent ? Et le pouvoir ? Et la gloire ?
Bien sûr, l’inconvénient d’un statut de SARL, c’est qu’il suscite parfois, en dehors du monde des entreprises privées, une certaine méfiance quant à mes intentions personnelles. Suis-je avant tout motivé par l’argent (faire fortune) ? le pouvoir (diriger un empire) ? la gloire (passer à la télé) ? ou l’utilité sociale (servir l’intérêt général) ? Certaines de ces motivations sont-elles contraires à l’éthique ? Quelles sont mes priorités ?
J’accepte cette méfiance car elle est naturelle et plutôt saine. La meilleure manière que je trouve d’y répondre, c’est d’inviter les prudents à faire un bout de chemin avec moi pour voir comment les choses se passent, et à dire ce qu’ils en pensent. J’ai aussi tendance à penser que l’important n’est pas tant la nature de mes motivations que les résultats auxquels on aboutira :
- va-t-on réussir à atteindre les objectifs de changement social que l’on poursuit ?
- Wecena SARL sera-t-elle une entreprise viable et capable de se développer durablement ?
- ce projet peut-il, par la manière dont il est mené, servir de source d’inspiration à d’autres ?
Mes priorités, à l’heure actuelle sont :
- maintenir le niveau de vie de ma famille à celui que je lui assurais lorsque j’étais salarié (de multinationales) et donc faire signer les premiers mécènes avant cet été ; sinon, je retournerai probablement au salariat d’ici septembre !
- obtenir un impact social suffisant dans un délai de un à deux ans ; si je n’arrive pas d’ici là à satisfaire mon besoin personnel de me sentir utile aux autres, le projet prendra alors fin pour moi
- pérenniser l’activité et la développer à très grande échelle de manière durable et exemplaire, jusqu’à ce que le projet m’échappe de manière satisfaisante
- ne jamais m’ennuyer !
Pour réussir, je trouve notamment de l’inspiration dans :
- mon expérience en entreprise et dans le bénévolat, sur laquelle je m’appuie
- l’héritage culturel de l’économie sociale traditionnelle, que je continue à découvrir petit à petit
- le concept anglo-saxon d’entrepreneur social, dans lequel je me reconnais à 100%
- le mouvement spirituel de l’économie de communion, qui me fournit un associé invisible ;-)
- les communautés du logiciel libre et de l’open source, où je vis tous les jours
- les initiatives telles que le Capital Altruiste, les SAGP, … qui me donnent envie de les expérimenter
Qu’en pensez-vous ?
Merci pour cette réponse claire à mon mail, et c’est une bonne idée de l’avoir rendue publique – le débat ne peut qu’améliorer la transparence et la sincérité.
Mais j’ai dû manquer un épisode, car pour moi la SARL est justement un projet collectif. Après, si effectivement les parts sont détenues par vos proches, je comprends bien qu’il ne soit pas envisageable de la monter sur un statut coopératif, puisque vous êtes seul à travailler…
Pour être aussi transparent que vous, je suis dans la même difficulté, puisqu’en tant qu’entrepreneur individuel, je ne peux par essence pas choisir un statut de l’économie sociale, réservés aux projets collectifs…
Alors je ne peux dès lors que vous souhaiter bonne chance, que le wecena grandisse, vous permettre de recruter… et de reconsidérer votre statut !
P.S.
Sur l’argument de « crédibilité » d’une SARL plutôt qu’une association, je ne peux que constater qu’il est réel. Et pourtant, je passe une partie de mon tempt à me battre pour imposer l’idée que les entreprises de l’ESS, qu’elles soient sous forme SARL, coopératives ou associative, sont au moins aussi performantes que les SARL ou les SA.
Et vu les piètres résultats actuels des multinationales (résultats sociaux, j’entends), on a quand même des arguments, non ?
Salut Gaël,
Les SARL peuvent regrouper plusieurs associés mais elles peuvent aussi ne regrouper « qu’un seul associé ». D’où le petit nom d’ Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) qui est parfois utilisé mais qui n’est rien d’autre qu’une SARL à associé unique. Le capital social est actuellement de 3000 EUR que j’ai mis dans la caisse avec l’accord de ma moitié bien sûr :) Pas besoin d’un gros capital pour monter une boîte de service…
Merci pour les souhaits de croissance :)
D’accord avec le post scriptum !
A+