Missions solidaires pour prestas en intercontrat

Christian, Bader, Jef et Jjay m’ont donné quelques pistes pour améliorer mon idée: comment convaincre des sociétés informatiques de s’investir dans des projets technologiques à vocation solidaire? Merci à tous les 4!
Un gros risque, c’est que ce genre de choses « terminent à la comm' » comme l’indique Christian. Les SSII n’ont probablement « aucune velléité de changer le monde », en tout cas, ce n’est pas leur vocation. Leur préoccupation évidente semble être « le profit court terme ». Mais pourquoi les SSII n’emploient-elles pas leurs prestataires en inter-contrat à des projets profitables pour elles à plus long terme (projets internes, contribution open source, …) plutôt que de les laisser moisir dans un coin le temps qu’un commercial arrive à les recaser chez un client? D’une boîte à l’autre et d’une personne à l’autre, l’inter-contrat est vécu plus ou moins bien, avec des situations parfois cocasses. En tout cas, l’intercontrat est une source de problèmes pour les SSII et pour leurs employés.

D’un autre côté, il y a peut-être des leviers accessibles pour faire changer cette situation et, du même coup, répondre aux besoins technologiques des innovateurs sociaux.

La notion d’entrepreuriat social, ou d’ethique est très à la mode chez toutes les entreprises qui ont une médiocre image de ce côté là (ça inclue banques et SSII amha).

Que faire? Voici vos suggestions:

faire que les CLIENTS des SSII soient attentifs à ces démarches (dans leur processus de décision ), et comme par hasard tout se débloque

[Peut-être créer des] jeux-projets-concours [:] sélection des meilleurs projets et financement + aide logistique, ça peut marcher.

[De toute façon,] les idées ne peuvent pas venir de l’intérieur [et il faut que la solution permette d’] identifier une retombée financière à quelques mois

Ce n’est pas les SSII qu’il faut convaincre mais d’abord ceux qui travaille dans ces entreprises (de préférence d’une taille respectable à mon avis). S’ils sont motivés ils peuvent faire bouger leur management et toi tu peux les aider à trouver les arguments pour cela.

J’ai envie d’extraire de ces suggestions quelques éléments pour un cahier des charges : la solution doit…

  • apporter une carotte économique pour la SSII, du profit à court terme, peut-être en impliquant certains clients
  • s’appuyer à fond sur la motivation des employés, exploiter celle-ci par des formes d’animation adéquates
  • être économique viable (entreprise sociale, donc entreprise également)

Et si on achetait les prestataires en inter-contrats à leur SSII à un pourcentage symbolique de leur tarif journalier habituel? Cela fournirait l’incitation économique à leur SSII: « Du moment que je sais que je peux disposer de cet intercontrat dès que je le veux pour le mettre chez en client, pourquoi ne pas le vendre à 1% de son prix habituel à un client ‘entreprise sociale’. Si, en plus, ça redore un peu l’image de marque de la boîte et que ça motive certains employés, c’est ça de gagné en plus! »?

Et si ce montant symbolique était réuni par les employés motivés pour participer à l’opération et changer le monde à leur échelle? Pour 10 à 20 employés en mission (selon les périodes et les sociétés), il y en a, disons, 1 en intercontrat. Avec un abonnement/cotisation de quelques dizaines ou centaines d’euros par an et par personne, on réunit le montant nécessaire pour financer une mission solidaire. « Aujourd’hui, je suis chez un client. Mais demain, ça pourrait être moi en intercontrat. Alors, comme j’aimerais bien que certains de mes collègues et moi puissions avoir un véritable impact sur l’environnement/les plus pauvres/la démocratie/le développement des pays du Sud/la priorité de mon choix grâce à ce que l’on sait faire le mieux (la techno), j’achète avec eux le droit de participer à une telle mission lors de mon prochain intercontrat ».

Cette solution consisterait donc à créer un fournisseur de missions solidaires pour prestataires en intercontrat. Les clients sont des prestas qui veulent profiter d’un futur intercontrat pour essayer de changer le monde à leur échelle (plutôt que de se faire chier à éviter les patates et à traîner dans l’agence ou au siège). Les produits sont des missions à forte qualité sociale/environnementale pilotées par des pros du secteur, des gens de terrain qui peuvent vite faire sentir au presta les problèmes sociaux/environnementaux ou autres à traiter. Les autres fournisseurs, ce sont des SSII qui voient d’un bon oeil l’idée d’arrondir leurs fins de mois en vendant certains intercontrats sur un second marché, ultra-discount.

Comment répondre aux questions que ce genre de proposition pourrait soulever? Qu’est-ce qui donnerait suffisamment envie et confiance à un presta pour qu’il achète à l’avance, avec des collègues, son droit de participer à une mission technologique solidaire sur le terrain de son choix? Cette idée a sans doute un côté complètement délirant, mais qu’est-ce qu’on pourrait en faire de bien et d’un peu plus près de la réalité? Qu’est-ce que cela vous inspire? A votre tour!

5 réflexions au sujet de « Missions solidaires pour prestas en intercontrat »

  1. badr chentouf

    C’est vrai que tout cet intercontrat représente un gachis et une perte de valeur importante. Et qu’il serait très appréciable de penser que l’on pourrait transformer ca en création de valeur.

    Cependant, je vois deux problèmes à l’idée émise ici :

    – qui décidera que tel acteur est « social » ? les acteurs dit sociaux n’achèteront donc plus de prestation au tarif normal. La mission des services public n’est-elle pas sociale et de changer le monde – tout au moins la France- ? Pareil pour les associations

    – l’intercontrat est par définition une situation précaire. Une personne peut être en intercontrat un jour et démarrer une nouvelle mission le lendemain. Dans ce contexte, comment l’affecter à une mission sociale, sachant qu’il peut s’arrêter le lendemain ? Sachant que la charge d’entrée dans le projet est toujours non négligeable.

    Je ferai ensuite le parallèle avec les chômeurs. Pourquoi ne pas les faire travailler gratuitement ou presque pour des tâches d’intérêt général ? Parce qu’il serait quasiment impossible d’organiser cela. Et aussi très dévalorisant et démoralisateur pour le chômeur, comme pour l’informaticien en intercontrat.

    Plutôt que de donner des jh, poussons les SSII à investir financièrement dans l’open source, auprès des éditeurs de logiciels open source qui ont un mode de licence full open source par exemple.

  2. Sig Auteur de l’article

    Badr, merci de ta réaction et excuse le retard de ma réponse.

    « Qui décidera que tel acteur est social? » Excellente question. Je n’ai pas de réponse toute cuite à te proposer mais des pistes de proposition. Et si le choix des « clients » était démocratique ? Et si il y avait un concours genre « nouvelle star » pour la sélection du projet « le plus social » ? Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de services publics ayant une réelle culture et volonté d’innovation sociale (« changer le monde »). En général, l’innovation sociale est plutôt « déléguée » au secteur associatif. Et même dans le secteur associatif, on trouve énormément de « vieux roudoudoux » i.e. dirigeants conservateurs ayant des institutions à faire survivre. Tout l’opposé de l’image de l’entrepreneur social que je rêverais de pouvoir servir avec une telle idée.

    Tu soulignes aussi un risque tout à fait juste: que les acteurs dits sociaux n’achètent plus de prestation au tarif normal. Bref, il y a un risque de concurrencer ainsi les activités de société travaillant déjà avec les quelques grosses institutions qui ont des budgets informatiques. Je crois que ce risque en vaut la chandelle si cela permet d’apporter une plus-value sociale. J’ai même l’impression qu’en donnant accès à l’informatique à un grand nombre de petits acteurs sociaux (qui n’ont aujourd’hui aucun budget informatique), cela pourrait contribuer à faire changer les choses dans le secteur associatif et cela pourrait créer une nouvelle demande pour des missions « classiques » à tarif normal.

    Je suis très sensible à ta question sur la « charge d’entrée dans le projet », qui est fondamentale. Comment gérer la continuité des connaissances dans une équipe dans laquelle les intervenants ne restent que quelques semaines ? La faisabilité de l’idée dépend de ce point. Pas facile… Vos suggestions sont plus que bienvenues si l’on veut continuer à y réfléchir ensemble.

    La différence avec les chômeurs, c’est qu’ici on cherche à exploiter des compétences bien précises (conduite de projet, conseil, technologie) en s’appuyant sur un financement privé par des donateurs ou clients solvables (prestataires, ssii), avec ou sans l’appui direct ou indirect de l’Etat. Bref, il pourrait y avoir du fric à la clef pour faire fonctionner la machine.

    En ce qui concerne la valorisation des contributeurs, les collègues informaticiens avec lesquels j’en ai parlé ne m’ont pas semblé percevoir ce genre de missions solidaires comme une activité démoralisante ou dévalorisante. Bien au contraire. Surtout si ces missions permettent de mettre un petit plus sur son CV. Bref, je ne suis pas d’accord avec cette objection.

    Je n’ai pas bien compris ta dernière proposition concernant des investissements dans des éditeurs full open source. A quel genre d’éditeur penses-tu? Et quel serait l’intérêt de ce genre d’investissement?

    Si tu as plus d’idées à partager au sujet des moyens à mettre en oeuvre pour donner de la continuité à des missions et projets réalisés essentiellement par des personnes ne restant que 2 ou 3 semaines, je suis plus que preneur!

    Merci encore pour ton commentaire.

  3. Ping : AkaSig » Blog Archive » Appel à l’agilité

  4. Elise CHOUCHANE

    Bonjour !
    Nous sommes à la recherche d’entreprises chrétiennes mécènes.
    Si cela est possible, pourriez-vous nous transmettre votre mail afin de vous présenter notre association.
    Dans cette attente, veuillez agréer nos cordiales salutations.
    Elise CHOUCHANE, présidente de l’Association d’Insertion Le Pont

  5. Sig Auteur de l’article

    Elise,

    Les coordonnées pour me joindre sont toutes disponibles ici. Cependant, et bien que je sois entrepreneur (et chrétien, ce sont des choses qui arrivent…), je ne pourrai probablement pas soutenir votre association. En effet, mon activité liée au mécénat (http://www.wecena.com/apropos) concerne exclusivement des gros projets collaboratifs d’utilisation avancée de l’informatique :
    – au moins 1 année.homme
    – de très nombreuses tâches unitaires de moins de 48H chacune

    Pour des exemples de projets soutenus, voyez cette liste de projets. Le site wecena propose également un questionnaire d’auto-diagnostic pour vous aider à vérifier si votre projet peut réellement bénéficier du wecena.

    Ceci dit, bonne continuation pour « Le Pont ».

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