Vous avez sans doute remarqué que, depuis début septembre, je n’ai rien posté d’autre que des réponses à vos commentaires sur des articles passés. Plusieurs facteurs contribuent à me faire hésiter à vous causer comme avant :
- je suis absorbé par mon nouveau job, dans lequel je n’ai pas encore stabilisé ma productivité et mon rythme : j’ai un équilibre à retrouver
- je maintiens un blog interne à mon employeur, sur lequel je m’efforce de poster de temps à autre, sur des sujets qui ne vous intéresseraient pas forcément
- je crains d’avoir tendance à m’auto-censurer
Sur ce dernier point, j’aurais sans doute besoin des conseils d’autres bloggers. En effet, j’ai un peu peur de publier ici des informations que mon employeur pourrait considérer comme sa propriété. Ce n’est pas facile de trouver la limite raisonnable entre l’info publique qui mérite d’être partagée avec vous et celle qui relève d’une propriété intellectuelle ou d’un devoir de réserve. En l’occurence, voici le contexte dans lequel je vous écris :
- mon employeur a une forte culture du secret
- mon employeur ne dispose pas de charte pour réguler les activités de ses employés dans la blogosphère
- quelques signes m’indiquent que des débats internes semblent opposer des tenants du « il est interdit aux employés de publier sur le Web sans autorisation expresse » et du « il faut prendre place dans la blogosphère »
- pour obtenir ce job dans la recherche, j’ai dû signer une annexe à mon contrat de travail qui stipule que je cède tous mes droits à mon employeur en ce qui concerne mes créations intellectuelles dès lors qu’elles entrent dans le cadre de mes fonctions et/ou des activités de l’entreprise
Morale de l’histoire, j’hésite avant de poster. Je pèse le pour et le contre. Je me prends un peu la tête. En soi, j’imagine que ce comportement est sensé. Mais ce qui me gêne le plus, c’est l’incertitude qui entoure les risques que j’encours : ai-je même le droit de vous faire part de ce que je suis en train d’écrire dans ce message ? en dehors du droit, comment cela pourrait-il être perçu par mon employeur ? pas facile de savoir, et impossible d’obtenir une réponse définitive. Dans des entreprises où les pratiques de blogging sont rarissimes, les RH, les juristes et la direction générale sont bien en mal de comprendre dans quelle mesure elles représentent un risque ou un atout pour l’entreprise et a fortiori d’imaginer comment les réguler. Et les bloggeurs qui continuent à prendre la parole courrent le risque de réactions excessives de tel ou tel manager.
Ceci dit, je vais m’efforcer de prendre un peu plus de risques, de manière tout à fait raisonnable.
Je comprends ton hésitation. Il m’arrive également d’avoir envie de publier des informations concernant mon entreprise. Je me restreints pas mal (même si elles ne portent pas sur des informations confidentielles…).
Il existe un vide éditorial entre la communication « officielle » des entreprises (communiqués de presse) et les propos « libres » que les salariés peuvent publier sur internet. Je pense qu’il va falloir, pour chaque entreprise, un incident de parcours pour que les directions se penchent sur le phénomène et publient des chartes de blogging…
Cette question se pose de plus en plus dans le cadre de structures comme la tienne, mais aussi dans des SSLL (sociétés de service en logiciel libre) comme la nôtre (les nôtres en fait).
Au sein d’une organisation parisienne, le Silicon Sentier (silicon-sentier.com), nous démarrons une réflexion sur ces pratiques, et espérons produite un white paper sur le sujet. Tu es le bienvenu pour y participer :)
Les pratiques de blogs « partisans » sont aussi à souligner, elles sont le pendant des actions plus objectives des libres-penseurs, dont tu souhaites faire partie.
En espérant que le temps te soit donné et l’espace intellectuel pour reprendre la place que tu te faisais sur la toile…
Bonne année 2006 et tout le succès dans ton (pas si) nouveau job !
Je trouve cela bien dommage. Même si il s’agit d’autocensure et non pas de censure, je trouve dommage qu’une entreprise puisse s’approprier des choses aussi naturelle que des « réflexions » …
En espérant que tu trouves le courage de continuer à poster des réflexions très intéressantes et pertinentes.
As tu lu le livre « Cause commune » de Philippe Aigrain ? Si non, beh je te le conseille. Une version électronique existe sur le site causecommune.org
Meilleurs voeux pour 2006 et à bientôt sur ce blog ;)
Davewave, merci pour l’invitation à participer à la rédaction de ce white paper. S’il n’est pas déjà trop tard pour s’y mettre, je veux bien jeter un coup d’oeil aux idées déjà échangées pour voir si je peux apporter quelque chose. Ma chef parle français alors elle pourra peut-être profiter de cette lecture une fois le papier terminé !
Gilles, merci pour tes voeux, que je te retourne agrémentés de mes sentiments les plus chaleureux. J’apprécie beaucoup la belle tournure que tu as trouvée pour mes les adresser et regrette de ne pas me sentir à la hauteur pour trouver d’aussi sympathiques mots à t’écrire. Bonne année à toi!
Kalooni, merci à toi également. C’est effectivement très étrange que de se dire qu’on a choisi un métier dans lequel sa créativité est « capturée » par son employeur tant qu’elle a rapport avec les activités de celui-ci. Vivement que la culture d’ouverture de l’Internet trouve une manière de se traduire via profits sonnants et trébuchants en quelques changements positifs de cette sclérosante culture de la propriété intellectuelle.
Concernant le livre de Philippe Aigrain, je me précipite sur le site. Et je me dis que, vraiment, il faudrait que je prenne le temps de rencontrer ce Philippe dont on m’a déjà quelques fois vanté les projets.
Bonne année 2006 à tous!
Dommage car vraiment ce blog est riche et participe à notre connaissance collective. Le blog AkaSig ne serait il pas simplement une IIUP ? Meilleurs voeux à tous pour cette nouvelle année.
Sylvain, ton message me fait chaud au coeur. Merci à toi et bonne année !