2004, année des logiciels libres en entreprise ?

Lorsque l’on regarde la presse informatique française, on peut constater que, enfin, les produits issues du modèle open source (logiciels libres) sont entrés dans les moeurs. Le dossier qui leur a été consacré sur le Journal du Net en témoigne. Et celui de 01 Informatique également, avec des retours d’expérience satisfaisants.
Je ne peux que regretter que le secteur de l’industrie soit à la traine dans l’adoption des technologies open source et me féliciter que, pour une fois, c’est le secteur public qui est à la pointe ! Et dire que je m’épuise à essayer de faire comprendre à mon employeur (industriel) que le monde ne se réduit pas à un choix entre Microsoft .Net, J2EE de chez BEA et J2EE de chez IBM… Quelle désagréable sensation que celui d’être l’objet de ricanements lorsque je prononce des mots comme Zope et Plone auprès de certains de mes supérieurs ou collègues qui ont parfois du mal à différencier Linux et Open Source, PHP et je-suis-un-script-kiddie…
Les grandes entreprises, ces dernières années, y vont toutes de leurs démarches de standardisation des architectures applicatives. Ces démarches d’architecture du S.I. ne reposent-elles pas sur une conviction forcenée que l’on peut maîtriser l’architecture du S.I. dès lors que l’on parviendrait à appliquer sur le S.I. un modèle objet global, comme si le S.I. n’était rien d’autre qu’une grosse application… Une sorte de « cathédrale », « urbanisée », « architecturée » dans un bureau d’études. Quel dommage que l’on ne cherche pas plutôt à comprendre ce qui fait la durabilité et la scalabilité de systèmes d’informations planétaires aussi éprouvés que l’Internet ou le Web. La presse reconnaît maintenant que les produits issus du modèle open source ne sont pas pires que ceux vendus sous licence par des éditeurs. Comment aller plus loin et expliquer pourquoi le modèle open source offre aux entreprises utilisatrices un modèle de développement plus durable du S.I. que le modèle classique éditeur / intégrateur-distributeur… Comment expliquer aux entreprises utilisatrices que le droit de la propriété intellectuelle peut devenir un levier au service de leurs besoins métiers (répondre moins cher et plus durablement à davantage de besoins métier en adoptant des licences libres) plutôt qu’un système de défense des seuls intérêts des éditeurs logiciels ? Si une telle idée devenait monnaie courante, ce serait sans doute moins vendeur pour les consultants et éditeurs d’aujourd’hui. Les D.S.I. ne devraient-ils pas renoncer au rêve d’une architecture centralisatrice pour adopter des modèles plus pragmatiques ? Peut-être que l’Etat français a déjà atteint une maturité suffisante pour admettre les limites d’une administration centrale du S.I. ? pour décider de se fier à des modèles organisationnels plus sains et plus durables, à une approche plus « écologique » du développement informatique ? Comme expliquer que le débat sous-jacent relève davantage du bon sens que de l’idéalisme ou de l’utopie ?

6 réflexions au sujet de « 2004, année des logiciels libres en entreprise ? »

  1. Sig

    Vouloir homogénéiser un système d’information d’entreprise, lorsque celle-ci a acquis une certaine taille et surtout, un certain degré de complexité organisationnelle, est-ce que cela ne relève d’une bataille contre des moulins à vent ?

  2. ZeGoR

    Bonjour,

    Si ça peux te rassurer, ton cas n’est pas isolé. Je travaille actuellement dans une grosse entreprise publique où les mots « python » ou « zope » sont aussi politiquement incorrects. Mes collègues me considèrent souvent comme un original. Pourtant, j’ai monté le site intranet de mon département sous Plone qui a démontré la facilité de mise en oeuvre et la fiabilité de cette solution, mais difficile de convaincre les architectes de lacher une solution coûteuse comme J2EE pour une solution efficace comme Zope. Pour eux, il n’existe plus qu’un seul langage de programmation : Java.
    Python est perçu comme marginal, PHP comme un langage de prototypage et PERL comme le langage des pirates ! Les préjugés ont la vie dure !
    En attendant, je continue le combat et peut-être qu’ils finiront par craquer une jour. Mon chef a reconnu que Zope cartonnait dans les administrations et certains de nos intégrateurs lui proposent spontannément des développements sur cette plate-forme. C’est déjà un début !

    @++

  3. Sig

    Merci pour ton témoignage, ça fait chaud au coeur de savoir qu’on n’est pas seul à oser réfléchir ! Ton résumé des préjugés sur les technologies est excellent : Java pour l’entreprise, Python pour les marginaux (nous sommes les clodos du S.I. ?), PHP pour le prototypage, Perl pour les pirates. Espérons que ces préjugés ne dureront qu’un temps et qu’ils seront rapidement rattrapés par la réalité.

  4. Ping : AkaSig » Decentralized organizations centralizing their IT architecture = 0,1% chance of success

  5. openware

    Venez vites voir le nouveau portail de l’open source logiciels généralités liens forum bibliographie…

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