Jacques Prades compare le modèle organisationnel et économique des « Community Development Corporations » (coopératives territoriales à but social) et celui des logiciels libres (open source). Il explique que si les modèles économiques keynesiens de fixation d’un prix par les mécanismes d’équilibrage de l’offre et de la demande ne s’appliquent pas efficacement aux logiciels libres (les licences d’utilisation sont gratuites), ce n’est ni faute d’offre ni de demande ; les mécanismes d’auto-renforcement des technologies de réseau se révèlent plus efficaces :
l’information a ceci de particulier que lorsqu’on ne connaît pas l’information, on ne veut pas la payer puisqu’on ne voit pas pourquoi on payerait quelque chose qu’on ne voit pas ; et lorsqu’on a l’information, on ne voit plus pourquoi on la payerait puisqu’on la possède. […] lors de l’échange d’un bien matériel, celui qui acquière perd l’objet tandis que pour un bien immatériel, celui qui vend l’information la conserve […] Si personne ne veut en payer le prix, alors chacun peut collaborer à la construction de cette information en échange de quoi il jouit de son usage. Or, plus la communauté s’agrandit sur cette base et plus l’utilité de la technologie progresse selon les mécanismes d’auto-renforcement des technologies de réseau. Et comme le coût d’entrée dans la communauté est faible, il n’y a pas de raison pour que cela s’arrête.