OK, la licence des logiciels opensource est gratuite. Mais quid des coûts associés (support, services, formation, …) ? Les éditeurs de logiciels commerciaux offrent des coûts de support explicites. Il est plus difficile d’obtenir un service de support auprès des développeurs d’un logiciel opensource. Employer quelqu’un pour qu’il passe son temps à suivre des forums et listes de discussion n’est pas non plus une solution économique. Sur le long terme, les logiciels opensource seraient-ils plus coûteux que les logiciels commerciaux ? Une analyse au cas par cas s’impose. Cette analyse devrait prendre en compte les faits suivants.
Si l’on emploie un expert interne pour participer à la communauté des développeurs et utilisateurs du logiciel opensource choisi, on gagne bien plus qu’un simple niveau de support : un expert interne fournit également la possibilité d’enrichir les fonctionnalités du logiciel, à la demande, et agit en tant qu’évangéliste interne pour favoriser un meilleur usage et un plus grand succès du logiciel sélectionné.
Un bon moyen pour évaluer la pérennité d’un logiciel opensource consiste à s’appuyer sur le travail d’analyse et de sélection des éditeurs de livres informatiques : plus un logiciel opensource à fait l’objet d’ouvrages (chez O’Reilly par exemple), plus il peut être considéré comme pérenne car ayant atteint une masse critique d’utilisateurs tel que l’avenir de son code source est assuré pour de nombreuses années.
De plus, l’adoption d’un logiciel sous licence opensource garantit une indépendance vis-à-vis de ses développeurs et éditeurs de manière à ce que ceux-ci ne puissent imposer de licences limitée dans le temps ni d’obsolescence programmée (« Telle version de notre logiciel ne sera plus supportée à partir de telle date… » ou bien « Telle version de notre logiciel comporte des failles de sécurité trop importantes, vous devriez adopter notre toute dernière version. »).
Il assez probable qu’une société comme Microsoft survive encore de nombreuses années et puisse offrir, à ses conditions, la maintenance du logiciel. Et il n’est pourtant pas si improbable qu’une communauté de développeurs d’un logiciel opensource abandonne un jour ce développement pour une raison ou une autre. N’est-il pas alors préférable de se fier à un éditeur commercial ? Sans doute que non car, même en cas d’abandon du logiciel par ses développeurs initiaux, non seulement la poursuite du développement peut être assurée par des développeurs indépendants ou d’autres sociétés mais le caractère public du code source permet également de s’approprier le maintien et le développement interne du produit. Dans le cas où un éditeur de produit fermé fait faillite, les coûts de possession du logiciel grimpent en flèche car il devient presque impossible d’obtenir support et maintenance à conditions économiquement raisonnables.
Dans le cas d’un logiciel répondant à un besoin précisément et durablement défini (surtout si ce besoin est celui d’un informaticien), il est très probable qu’un produit opensource soit préférable à un produit commercial qui, de par le modèle économique de son éditeur, gagnera probablement en fonctionnalités superflues. On considère souvent qu’un produit opensource est plus stable et contient moins de bugs et de failles de sécurité sur le long terme. On peut également apprécier le caractère prévisible des coûts de maintenance d’un logiciel opensource à long terme. Nul ne sait combien l’éditeur d’un produit fermé facturera la maintenance dans 5 ans.
Pour conclure, on peut dire que la comparaison du coût total de possession d’un produit fermé (propriétaire) et d’un produit ouvert (opensource) doit faire l’objet d’une analyse approfondie, au cas par cas. Et l’un des critères déterminants du TCO d’un produit ouvert et le degré d’activité et de vitalité de sa communauté de développeurs.